Femmes de Polynésie Retrouvez nous sur
Site de Femmes de Polynésie Hommes de Polynésie

Je passe
d'un site à l'autre

Culture

Rosita OPETA TEAURAI : « Plus je donne, plus mon savoir augmente. »

Publié le 21 mars 2024

Pour la 6e année, l’Association UFFO-Polynésie met en valeur 8 Polynésiennes inspirantes à l’occasion de la Journée internationale des droits des Femmes le 8 mars 2024. Ces femmes remarquables, nous les avons appelées nos Poerava, nos perles rares. C’est avec fierté que Femmes de Polynésie vous présente l’une d’elles.

Rosita appartient à la génération de Polynésiens dont la vie a été bouleversée par l’histoire : leur jeunesse s’est déroulée selon la vie traditionnelle des îles, mais devenus adultes ils ont du s’adapter aux bouleversements des années 60/70. Née en 1949 à Raivavae dans l’archipel des Australes, Rosita a choisi de s’installer à Papeete en 1988 pour accompagner sa fille venue pour sa scolarité. Heureusement elle emporte en elle la connaissance des savoir-faire traditionnels de son île, trésor qui lui a permis de gagner sa vie en milieu urbain et ainsi d’être autonome financièrement.

À l’âge d’un an sa vie est déjà bouleversée par la perte de sa mère et de son grand-père maternel lors d’une épidémie. Fa’amu  par sa tante, elle grandit, aide dans les tâches quotidiennes avant d’aller à l’école où elle est bonne élève. Vers 16 ans, elle part vivre chez sa grand-mère maternelle, une femme douce, aimante qui lui transmet son savoir-faire : le tressage du pae’ore (pandanus).

« Je vivais chez ma grand-mère dans sa maison faite de bambou. Nous dormions à même le sol sur un peue. Elle tressait tout le temps. Il n’y avait pas de robinet, d’électricité. Nous vivions de notre fa’a’apu et de notre artisanat. On allait à la mer ramasser du « remu » (algue marine), attraper des « tupa » (crabes). On travaillait dans les champs de café. Pour moi, c’était une belle époque. »

Elle fréquente le fare amuira’a, maison artisanale de l’île, acquiert de nouvelles techniques de tressage grâce aux autres femmes. Son lien avec sa grand-mère s’approfondit car elles partagent leurs connaissances. La transmission générationnelle, descendante au départ remonte vers sa tupuna. Pour Rosita cet échange de savoirs d’une personne à l’autre est importante car non seulement on transmet à l’autre mais aussi on devient techniquement meilleure :

« Plus je donne, plus mon savoir augmente. »

Le choix de son époux est guidé par son père qui entend que ses enfants lui obéissent. Elle aura 4 enfants. Comme de nombreux hommes à cette époque son mari trouve du travail à Moruroa et fait l’aller-retour tous les six mois. Alors qu’elle vient de perdre son fils aîné âgé de 10 ans, sa fille a la possibilité de continuer l’école à Tahiti.

« Mon déclic a été ma fille. Je ne pouvais pas la laisser partir seule, pas aussi jeune. Nous avons quitté Raivavae et nous sommes repartis de zéro. Nous étions hébergées dans le quartier Paraita et je subvenais aux besoins en travaillant de nuit dans un magasin proche. »

Un jour, par curiosité, elle pousse la porte du « Princesse », un salon de coiffure. Elle y rencontre Christiane EBB, présidente du club « Vahine Ratere » appelé plus tard « Vahinetea » qui offrait des activités manuelles, en particulier aux femmes de militaires en poste à Tahiti. Elle cherchait quelqu’un qui savait tresser le paeore. « Je lui ai dit : moi, je sais. ». Et ainsi elle est devenue professeur de tressage paeore … et femme de ménage pour compléter le gagne-pain. Elle a pu louer une maison et faire venir les autres membres de sa famille. Plus tard, elle a accueilli ses neveux et nièces pendant leur scolarité.

En tant que fille des îles Australes, elle est fière de son parcours avec ses hauts et ses bas. Le plus grand obstacle a été selon elle, l’incompréhension de ceux qui s’opposent à la transmission des savoirs, en particulier aux Popa’a.

« Ce don m’a été transmis par le Seigneur et je souhaite le partager avec tous ceux qui veulent apprendre. »

Elle regrette aussi que ses petits enfants ne manifestent pas beaucoup d’intérêt pour la transmission. Cette nomination de Poerava 2024 sera pour elle l’occasion de rendre hommage à son petit-fils, parti trop tôt car lui avait aussi ce don.

Rosita, Mamie Opeta pour nous, poursuit avec bonheur son œuvre de transmission dans les ateliers de tressage de l’association UFFO.

Taurere HAUATA et Armelle MERCERON pour l’UFFO

©Photos : Taurere HAUATA et Armelle MERCERON pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

Pour plus de renseignements

À découvrir également :

Partagez Maintenant !

Femmes de Polynésie - Facebook

Newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir du contenu de qualité

* En cliquant sur VALIDER, nous attestons que l'adresse mail ne sera utilisée que pour diffuser notre newsletter et que vous pourrez à tout moment annuler votre abonnement.