
Poerava Bossuet, apporter le calme avec Kava Tahiti
C’est à Moorea que Femmes de Polynésie s’est rendu pour rejoindre Poerava Bossuet, fondatrice de Kava Tahiti. Passionnée par sa culture et son histoire, elle s’ouvre à nous sur ce qui l’a menée à créer son entreprise qui célèbre une pratique longtemps effacée.
APAISEMENT PERSONNEL
Poerava Bossuet est une aventurière. Sa vie est faite de rebondissements, qu’elle surpasse avec grâce.
« Je suis une femme avec de grandes volontés, remplie d’amour et de joie. J’ai appris à être adulte de la plus dure des manières, en étant maman très jeune. »
Aujourd’hui mère de quatre enfants, la jeune femme de 36 ans nous raconte comment le kava a croisé son chemin.
« C’était il y a plus de dix ans. J’ai rencontré un garçon qui m’a parlé du kava et j’ai voulu en savoir plus. »
Elle réussit à s’en procurer, et goûte cette racine aux cent vertus, seule.
« La première fois, j’ai pleuré. Ça m’a fait ressentir beaucoup d’émotions. J’ai été apaisée aussi. »

LE BIEN-ÊTRE AU NATUREL
Cette découverte complète sa démarche personnelle, qui est de se soigner, de nettoyer, de consommer de manière plus organique, plus locale.
« J’étais en quête de bien-être. Je voulais user le plus possible de produits naturels pour mon corps et mon foyer. Pour avoir un impact, il faut commencer par soi-même. »
Seulement, à l’époque, la consommation de kava n’est pas autorisée en Polynésie.
« J’étais peinée de savoir que c’était interdit chez nous. Je suis tombée amoureuse du ‘ava, qui fait partie de mon identité, et auquel il n’était pas possible d’avoir accès. »
L’AVENTURE EN AUTO-ENTREPRISE
En 2024, Poerava, déclarante en douanes, apprend que le kava a été légalisé. Elle se renseigne alors sur la possibilité d’en importer. Avec un ami, ils s’associent et trouvent un financeur privé qui croit en leur projet.
« Par le biais de mon métier, j’ai tout de suite pu commercer internationalement avec mes fournisseurs. J’en ai un au Vanuatu et un autre aux îles Fidji. »

Ainsi naît Kava Tahiti. Le marché de cette plante utilisée contre le stress, l’anxiété, les insomnies, mais également lors de cérémonies culturelles, n’est pas touché par la concurrence. Poerava Bossuet, qui dit croire aux miracles, se confronte néanmoins aux institutions et aux difficultés du métier.
« Rien ne s’est passé comme prévu. »
Malgré quelques virages dans son itinéraire, cette cheffe d’entreprise garde le cap sur ses objectifs.
« La priorité, c’est de faire du kava à Tahiti. Mais les plantes prennent cinq ans avant de pouvoir être récoltées, ça nous laisse le temps d’éduquer la communauté sur l‘enjeu. Il ne faut pas négliger cette plante. On a de la chance que ça fasse partie de notre culture, il faut l’accueillir. Ce n’est ni de la drogue, ni de l’alcool. »
RECONQUÊTE CULTURELLE ET IDENTITAIRE
Pour Poerava, le kava est un patrimoine qu’il faut chérir.
« C’est culturel, c’est une partie de notre histoire. Si les missionnaires n’avaient pas ramené l’alcool, si le kava n’avait pas été interdit, on aurait peut-être une Polynésie plus douce. »

Alors que cette pratique a été oubliée pendant près d’un siècle, Poerava Bossuet est persuadée que remettre le kava au goût du jour peut nous aider collectivement à évoluer en tant que société.
« Ça peut ramener le calme, ça peut changer des destins. La maladie du monde d’aujourd’hui, c’est le stress. Le kava peut aider à dépasser tout ça. Pour moi, c’est magique. »
Son entreprise est dorénavant victime de son succès. Contactée de toute part, la jeune femme ne se considère pas encore légitime à officier la cérémonie du kava.
« Je refuse de précipiter les choses. Notre culture, ce n’est ni du folklore, ni du spectacle. »
À ce jour, Poerava est toujours déclarante en douane à mi-temps, gérant directement avec ses fournisseurs du Pacifique, créant des liens dans l’Océanie. Bientôt, elle l’espère, elle pourra se consacrer entièrement à sa passion, celle de faire découvrir le kava en tant que pratique ancestrale et bénéfique à tous.
« Avec Kava Tahiti, je me réapproprie ma culture. »


Rédactrice
©Photos : Cartouche Louise-Michèle pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon Bardes



