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Culture

Léo, à « conte » ouvert !

Publié le 10 mai 2019

Quand on rencontre Léonore Caneri, on est immédiatement emporté dans le torrent de son enthousiasme et il ne faut que quelques secondes pour l’entendre rire. Cette femme truculente est connue dans le milieu du spectacle local, en tant que conteuse, comédienne, slameuse mais aussi, aujourd’hui, comme coach de jeunes talents polynésiens. Elle raconte son parcours à Femmes de Polynésie.

Malgré son nom qui lui vient de son père d’origine corse, Léonore (Léo) est une pure « parigote »

« Aujourd’hui, quand je vais à Paris, et que je passe au-dessus d’une grille d’aération du métro, je respire et je souris, heureuse ».

L’odeur de chaque station de métro la propulse dans des souvenirs de tout âge, un peu comme lorsqu’on a la nostalgie d’un parfum de pot-au-feu chez une grand-mère.

Une famille de parisiens depuis Jeanne D’Arc précise-t-elle. Léonore adore y retourner mais elle ne pourrait plus y vivre. 15 jours c’est la limite qu’elle supporte aujourd’hui à Paris, car, avec le recul de Tahiti, elle trouve que c’est une vie de dingues et que le parisien se considère un peu comme le pito du monde. En Polynésie au moins on prend le temps de s’arrêter pour regarder un coucher de soleil.

Très petite elle dévorait déjà tous les bouquins qui lui passaient sous la main. Elle adore lire et prenait plaisir à raconter ses lectures, sauf qu’au lieu de synthétiser et résumer, elle enjolivait, elle rajoutait des détails. Jeune adulte, elle pouvait raconter en une heure un petit livre avec des dessins qu’on lit en dix minutes. Un don qui lui vient de son papa.

Grâce à son ami d’enfance, elle aura le déclic en allant découvrir notamment les conteurs Catherine Zarcate, Muriel Bloch, Yannick Jaulin etc…. Cette étincelle pour captiver un auditoire ne la quittera plus jamais.

L’ARRIVÉE À TAHITI

En 1998, l’ex belle-mère de Léo, prof au fenua, décide de payer le voyage à ses fils et leur compagne pour Noël. Léo vient donc avec ses deux enfants et leur père. Evidemment, c’est le coup de foudre pour le pays mais que faire professionnellement ? Le poste occupé à Paris, directrice adjointe d’une Maison de la Culture du XVème, a son unique équivalent ici au TFTN, dont la place est remarquablement occupée par Mylène Raveino.

« En 2000, je négocie mon licenciement et je plaque mon job et la métropole »

Fin juillet, Léo et sa petite famille atterrissent à Tahiti et prévoient d’y rester 5 ans et ça fait aujourd’hui 19 ans ! Le temps est vite passé mais elle ne regrette rien sans omettre le bonheur d’avoir offert des conditions de vie magiques à ses enfants.

Après un spectacle de conte au Petit Théâtre pour la cause tibétaine, elle commence à aller dans les écoles et les collèges pour faire des prestations de contes et proposer des ateliers autour du conte.

« J’ai eu une courte expérience dans la radio »

On la repère pour sa voix radiophonique mais, en tant qu’artiste de la scène, ce média ne lui correspond pas : être seule dans un studio face au micro ne lui convient pas, elle a besoin du public et de se nourrir du regard et des émotions des gens.

S’EXPRIMER DANS L’ORALITÉ

Son chemin reste donc définitivement celui de l’oralité en live : contes, slams, théâtre et aujourd’hui Tahiti Comedy Show. La maison de la Culture et l’UPJ (l’Union Pour la Jeunesse) lancent en effet le Tahiti Comedy Show en 2015.

« On me demande de devenir jury dans le 1er Tahiti Comedy Show »

Au premier Tahiti Comedy Show, elle est la seule popa’a du jury et Martin Coeroli, à l’époque directeur artistique du TFTN, lui demande d’être présidente du jury. Sans doute ne se sent-elle pas légitime pour ce poste, Martin lui propose alors d’avoir un droit de veto sur les décisions du jury. Challenge accepté…

Elle l’utilise notamment la première année avec deux lycéens, Eibol et Chinois, qui se sont présentés et dont personne ne veut. Léo fait jouer son droit de veto, voyant en eux une pépite, avec la nécessité en revanche de les coacher. Le coaching est mis en place par le TFTN et l’UPJ pour les finalistes et Eibol et Chinois gagnent le 1er prix en open.

Mais son rôle va bien au-delà de celui d’un simple jury, depuis 2016, elle s’occupe en effet de trouver des scènes sur Paris et de coacher le ou la finaliste pour s’adapter au public parisien.

Devenant coach, donc connaissant les sketchs présentés à la finale du Tahiti Comedy Show, elle ne peut plus faire partie du jury, mais ce n’est pas grave : Léo continue à assister aux auditions, et rêve de monter une troupe locale d’humoristes. Car elle veut promouvoir ce don naturel d’humour et d’improvisation chez les polynésiens.

« La question était de savoir ce que devenaient les finalistes du Tahiti Comedy Show après leur victoire »

Il fallait ensuite accompagner ces jeunes talents. L’UPJ paye, les premières années, les cours de coaching annuels. Les budgets venant à manquer, ça s’arrête, Léo refuse que le Tahiti Comedy Show devienne un concours de Miss Rigolade sans suite sachant que très peu veulent en faire leur métier. E lle veut booster et accompagner ceux qui souhaitent persévérer.

Son dernier coaching, c’était il y a quelques semaines sur le spectacle « Domination » avec les Pukan’s Prada et les danseurs de All-In-one. Productrice du spectacle avec son association Horo’a, elle met en scène et coache au niveau de l’écriture et du jeu les Pukan’s Prada.

Celle qui passe aussi, elle-même, par des scènes conclut ainsi son travail et sa passion :

« Les Polynésiens sont doués naturellement pour la bonne humeur et le rire. Mais beaucoup doivent dépasser ce sentiment de honte qui fait qu’ils n’osent pas. Les aider à enlever cette peur injustifiée et avoir confiance en eux. C’est ce que j’essaye d’apporter. ».

Laurent Lachiver
Rédacteur web

© Photos : Laurent Lachiver, Manutea Rmd, Facebook Léonore

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