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Culture

Dayna Tavaearii UFFO

Dayna Tavaearii, le hīmene, une science du chant                                                                                          

Publié le 11 mars 2025

Au mois de mars, nous célébrons la journée internationale des droits des femmes. À cette occasion, l’association UFFO Polynésie met en valeur 8 Polynésiennes inspirantes. Ces femmes remarquables, nous les avons appelées nos Poerava, nos perles rares.

Dayna Tavaearii vient d’être nominée Poerava 2025 pour sa passion du chant traditionnel et son engagement infatigable à l’enseigner et le transmettre. C’est l’occasion pour Femmes de Polynésie de revenir sur le parcours de cette vahine inspirante.

Sa passion, Dayana Tavaearii l’exprime lorsqu’elle parle du Hīmene Tumu : un volet essentiel de la culture polynésienne et une véritable science. En effet, il regroupe plusieurs types de chants : tārava, ru’au, ‘ūtē, pāta’uta’u, hīmene a’ia… Chaque type de chant obéit à des règles différentes selon les zones géographiques. Ainsi le tārava tahiti se chante différemment du tārava raromata’i ou du tārava tuha’apae. De plus, chaque chant peut faire appel à neuf voix différentes que l’on appelle ‘āuri, allant du son le plus bas au plus aigu, avec des sonorités ou des rythmes différents pour les hommes et pour les femmes. Voilà pourquoi on parle de chants polyphoniques. Lorsque les groupes se produisent à To’ata, les jurés doivent entendre et discerner chacun de ces neuf ‘āuri.

La musique des mots

Les compositeurs de ces chants font preuve d’une connaissance approfondie et d’une grande maîtrise, en choisissant de s’exprimer par un type de chant plutôt qu’un autre, plus rapide ou plus lent, préférant tel mot plutôt que tel autre pour sa sonorité. Ils créent ainsi une véritable musique des mots dans laquelle les chanteurs vont embarquer en lui donnant vie, comme on embarque sur une pirogue que l’on fait naviguer ensemble. Pour transmettre cette science, il faut donc des personnes reconnues pour leurs connaissances, mais aussi pédagogues, capables de s’adapter à chaque public afin d’en apprivoiser les difficultés et les exigences. 

Dayana, gardienne du savoir musical

Dayna Tavaearii est de celles-là, avec en plus beaucoup d’humour… Elle est « née dans le chant » il y a 58 ans. Son père et sa mère, originaires des îles Sous-le-Vent, étaient tous deux auteurs et compositeurs de chants religieux pour la paroisse d’Arue.                                                                              

Dayna Tavaearii UFFO

« La paroisse était notre deuxième famille, et la pratique du chant, un mode de vie. Chaque année, nous préparions les grands rassemblements du 1er arrondissement, qui va de Pirae à Tautira. Alors que je n’avais que 17 ans, notre responsable, Ari’imihi, a décidé que je conduirais la chorale collective, soit près de 1 000 chanteurs ! Mes parents n’étaient pas du tout rassurés, mais la confiance de notre responsable m’a encouragée à donner le meilleur de moi-même. Et tout s’est bien passé. Par la suite, les jeunes de ma paroisse ont formé un groupe de chants pour aller au Heiva afin de gagner des prix et contribuer au financement des travaux nécessaires à notre paroisse. J’étais le ra’atira hīmene et, plusieurs années de suite, nous avons gagné des prix. »

Un engagement sans faille

Parallèlement à ses activités culturelles, Dayna a travaillé pendant 34 ans dans une société préparant les repas des cantines scolaires et les plateaux des compagnies aériennes. Tout en travaillant et dirigeant le chant de sa paroisse, Dayna devait être présente au foyer pour soutenir sa mère. En effet en 2001, son père a fait un AVC qui lui a fait perdre son autonomie. Depuis 23 ans, Dayna et sa maman se relaient auprès de lui avec un dévouement et une affection exemplaires.

Dayna Tavaearii UFFO

Une école pour perpétuer le chant traditionnel

« Voyant ma retraite arriver, j’ai décidé en 2023 de réaliser mon rêve en créant une école de chants traditionnels à Arue avec le soutien de la commune. L’école s’appelle Pu Taru’u : TA pour tārava, RU pour ru’au, U pour ‘ūtē, le mot signifiant : lier ensemble ».

Pu Taru’u est aussi une chorale qui, lors de sa première participation au Heiva 2023 a remporté les prix suivants : 1er prix en hīmene ru’au, 2e prix en tārava raromata’i ‘ūtē paripari et hīmene ai’a ainsi que le prix du meilleur compositeur.

Dayna a aussi entraîné ses collègues de travail dans une expérience mémorable : participer au premier Ta’urua Himene en 2024 à la Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti Nui.

Dayna Tavaearii UFFO

Une reconnaissance au plus haut niveau

Femme engagée, Dayna enseigne aussi le chant traditionnel dans les écoles depuis 2015. Pour cela, elle avait demandé à embaucher à l’aube afin d’être disponible l’après-midi. Elle soutient également des groupes désireux de se lancer au Heiva et enseigne le Hīmene Tumu dans la chorale Tahiti Choir School, une grande famille de plus de 70 chanteurs. Sa maîtrise du chant est reconnue au plus haut niveau, puisqu’elle a été membre du jury du Heiva à quatre reprises.  

Dayna Tavaearii UFFO

Une retraite dédiée au partage

Depuis quelques mois en retraite professionnelle, elle se réjouit :

« Je me sens tellement mieux, fini le stress. Je peux me consacrer à mes parents et à ma passion : le Hīmene Tumu, que je veux transmettre et faire aimer pour que les jeunes générations y puisent l’amour de leur langue et la richesse des savoirs ancestraux. »

Dayna Tavaearii UFFO
LOGO UFFO

Irmine Tehei et Béatrice Vernaudon

©Photos : Dayna Tavaearii, Eric Benacek  pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

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