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Culture

Ayo : « Maintenant, je sais qu’un endroit comme la Polynésie existe »

Publié le 27 mai 2021

C’est peu de dire que nous sommes tombés à ses genoux. Ayo, la captivante chanteuse de « Down on my knees¹ », a posé ses valises il y a 5 mois en Polynésie. A quelques jours de son départ, elle explique à Femmes de Polynésie combien il lui sera difficile de quitter Tahiti. Avec poésie et tendresse, celle qui est devenue une vraie Femme de Polynésie nous dépeint son coup de foudre avec le fenua.

Un alignement de planètes

Et pourtant, rien n’était écrit.

Fin 2020, deuxième vague de COVID, une furieuse envie de quitter l’Europe, Ayo se décide à prendre ses billets vers la Polynésie, pour un voyage dont elle a toujours rêvé. Aucun vol n’est disponible. Au même instant, une fenêtre de discussion s’ouvre sur son écran. On lui propose de venir jouer à Tahiti.

« J’ai cru que c’était une arnaque ! La coïncidence était tellement énorme. Mais très vite, j’ai compris que c’était sérieux. »

Et c’est Arnaud Bertrand, de L.A. Productions Tahiti, qui est à l’origine de cet alignement de planètes. Ayo joue ses premiers concerts à Tahiti et Moorea. Puis les frontières ferment.

« Je n’ai pas réfléchi longtemps, j’ai décidé de rester ici. En 15 ans, c’est la première fois que je vis si longtemps au même endroit. C’est comme si le destin m’avait amenée en me disant : ‟ C’est ici qu’est ta place pour les prochains mois. ” »

Ayo scolarise ses enfants à Arue et enchaîne les dates. 16 concerts à Tahiti, Moorea, Raiatea et Bora-Bora. Mais au-delà d’un public, c’est une réelle alchimie avec la terre de Polynésie qu’elle a trouvée.

« Une fierté qui n’est pas une arrogance »

Pour un artiste, chaque représentation est un moment hors du temps et l’occasion de tisser des liens particuliers avec le public. Mais, pour Ayo, il s’agit de plus que cela. Dans ses mots, sa fascination pour la Polynésie résonne avec une sincérité particulière. 

« Nous sommes tous des enfants de l’univers. Seulement ici, on le sent encore plus fort car tous les éléments sont réunis : le magnétisme du volcan et l’omniprésence de l’océan. C’est très intense. »

En découlent une humilité, un calme et une gentillesse propres aux Polynésiens.

« Je ressens une grande dignité des hommes et femmes d’ici. Ils sont fiers sans être arrogants. Fiers de leurs racines, de leur culture, au point qu’ils la portent sur leur peau. Je trouve cela très beau. »

Le tatouage d'Ayo réalisé par Patu

Une richesse par laquelle Ayo explique ses retards chroniques. Elle s’attarde sans cesse pour échanger avec des inconnus, prend le temps de découvrir leur histoire. C’est ainsi qu’elle connaît chaque commerçant du centre Vaima, et tous les surfers de son spot de prédilection, La Baie, à Papeno’o. Il y a Coco, qui lui offre un plein d’énergie (bananes, manioc, coco) après les sessions éprouvantes, Lorenzo, qu’elle surnomme le ‟Jedi du longboard” ou encore la belle Virginia avec sa planche bleue et sa fleur d’hibiscus à l’oreille.

« Je suis particulièrement fascinée par les femmes de Polynésie. Elles ont une grande force en elles, elles sont à la fois très discrètes et très ouvertes sur les autres. Elles sont comme des mères pour tous. »

La Polynésie chevillée au corps

Dans quelques jours, Ayo fera sa valise, direction l’Europe. Une séparation qui lui déchire le cœur. Sensible, elle en parle les larmes aux yeux mais reste positive.

« Maintenant, je sais qu’un endroit comme cela existe. J’ai vu un amour, une solidarité et une positivité que je n’avais jamais rencontrés ailleurs (et pourtant, je voyage beaucoup). Je sais désormais que c’est possible. Si le monde entier pouvait être comme ici, tu imagines ! … »

Cette plénitude, elle l’expérimente régulièrement sur les spots de surf. Seule dans l’eau, elle éprouve le sentiment d’être à sa place, nourrie par une force qui l’a soutenue durant tout son séjour.

« Le Mana, c’est dans ces moments-là que je le ressens. C’est comme si je n’avais pas mangé depuis des jours mais que je n’avais pas faim, je suis remplie de son énergie. »

Pour toutes ces raisons, le retour sera lourd. D’autant qu’il lui faudra enchaîner sur un rythme trépidant pour sa tournée dans toute l’Europe.

« Ça va me manquer d’oublier mes chaussures (rires) ! »

Une osmose musicale

Côté musique, Ayo ne sait pas encore ce qu’elle ramènera dans ses bagages.

« Je ne contrôle pas mes créations. Je ne sais pas ce qui a changé en moi musicalement, cela vient naturellement. »

Reste qu’elle a composé pas moins de 4 morceaux durant son séjour, que l’on va guetter avec impatience. Elle laissera aussi un souvenir durable aux musiciens qui l’ont accompagnée pendant ces 5 mois (Maruarii Ateni, Vatea Le Gayic et Adrien Uveakovi-Ballay).

« On s’est vite trouvés car, ce qui est important en musique, ce n’est pas tant la technique que le feeling. J’ai été très émue de pouvoir partager mon univers avec eux. Et ils y ont mis beaucoup d’envie. »

C’est donc le cœur lourd qu’Ayo va nous quitter. Et la Polynésie aussi, aura du vague à l’âme. Mais qu’on se rassure bien vite. Car, vous voulez un scoop ? Ayo a déjà prévu son retour. Ce sera en décembre et son prochain disque devrait même être enregistré chez nous. Une chose est sûre, ʺWe’ll never be apart ² ʺ…

¹ Traduction : à genoux. « Down on my knees », titre phare de la chanteuse – Album “Joyful” – Label “Polydor”. Ecouter ici

² Traduction : Nous ne serons jamais séparés, extrait de sa chanson « Paname », de l’album éponyme.

  Marion BOIS

  Rédactrice Web

  ©Photos : Niuhiti GERBIER et L.A. Productions Tahiti pour Femmes de Polynésie

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