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Carrière

Adelina, itinéraire d’une artisane chef d’entreprise !

Publié le 1 mars 2019

Aujourd’hui, laissez-vous happer par l’histoire d’Adelina Hanere  ! Il s’agit d’une artisane cheffe d’entreprise. Un créneau qui lui vaut d’être à la tête de trois établissements : Hinemanea, Adécraft et EKL. Leur point commun ? Tous ont été créé pour préserver notre patrimoine culturel.  Femmes de Polynésie vous raconte l’itinéraire d’une femme attachée à ses racines.

« Respecte la Nature car c’est elle qui te nourrit. »

Les parents d’Adelina sont Guy Hanere et Henriette Teina.  Son enfance est bercée par les préceptes d’un père reposant sur « comment vivre en harmonie avec son environnement : la terre, la mer, le vent et l’eau ».  Adelina a saisi jeune la notion de richesse culturelle.

« Respecte la Nature car c’est elle qui t’a donné le souffle de vie et qui te nourrit, disait mon père. »

Une vie débutée au milieu d’une famille nombreuse. Elle a 16 ans quand elle quitte l’école pour aider son père à subvenir au besoin du foyer.  Elle ne regardait pas à la tâche pourvu qu’elle ait un travail « eiaha e ma’iti i te ohipa».
La disparition de son père alors qu’elle se trouve en France marque le point de départ de sa nouvelle vie. Douée pour la danse, elle est repérée puis inscrite à des petits shows, compétitions et des tournées dans le monde entier. C’est là que démarre réellement son parcours scolaire.

« C’est l’école de la vie, l’école la moins chère et la plus riche au monde. »

Ses récits de voyages sont ponctués de rencontres, celles de peuples issus de différents pays, parlant leur propre langage et racontant de multiples histoires de leurs pays, de leur famille.

 « J’ai voyagé dans des pays magnifiques et des pays en guerre. J’ai vécu le froid estonien comme la chaleur du Sahara. Je suis partie sans aucune ou avec très peu de connaissance et je suis revenue sur mon île enrichie de l’histoire, la géographie, la culture et les langues des pays visités. »

Une richesse culturelle inestimable qu’elle mettra à profit lorsqu’elle décide de reprendre les études. DAEU à l’Université de la Polynésie Française, BTS Tourisme à Paris- France avant l’obtention d’une bourse AUSAIDS en 2005 pour 3 mois d’études en Australie, Melbourne pour son projet « Adécraft ».

« Depuis 2005, je travaille à mon compte, j’ai commencé à Paris, j’y ai créé HINEMANEA, une école de Ori Tahiti au Trocadéro, dans le 92 puis je suis revenue sur Tahiti et enfin Moorea pour y continuer Hinemanea. »

ADECRAFT

2011, naissance d’ADÉCRAFT. Deux activités ayant la culture polynésienne pour maîtres mots. Hinemanea, l’école de Ori Tahiti a muté pour devenir une école culturelle traditionnelle tahitienne. On y apprend la danse, la percussion, le orero1, le chant et toutes activités artisanales dont le tressage, la confection du bambou, du pandanus.
Adelina tire sa matière première au Fenua et donne l’occasion aux locaux comme aux touristes de s’initier. Adécraft est une entreprise artisanale spécialisée dans la confection de more2 et des accessoires de costumes traditionnels. Aujourd’hui, Adelina est une artiste doublée d’une cheffe d’entreprise qui demeure doublement passionnée.

« Hinemanea est mon temps de récréation, j’y gagne de l’argent mais c’est vraiment un temps de « plaisir fun ART» pour moi. Adécraft est le projet que j’ai toujours voulu mettre sur pied, en hommage à mon père.  J’étais toujours émerveillée par sa maîtrise de l’art, il le faisait avec passion et dans le respect de la nature. »

HINEMANEA à travers le monde

Adelina veut offrir une prestation culturelle authentique et chaleureuse, à l’image de ce peuple polynésien. Un polynésien selon elle, qui a su s’adapter à la modernité de son époque sans perdre de vue d’où il vient.
Cette chaleur du cœur, humaine, c’est ce plus que cette passionnée diffuse à travers le monde avec des séminaires ou workshops organisés dans différentes écoles du monde. Un départ à Las Vegas est prévu en fin Mars pour être Jury au Ori Fest 2019. Son fils fera partie du voyage.
« Notre culture par tous ses aspects, est belle. »
Son autre objectif ? Détrôner les firmes étrangères de leur position de leader dans la fabrication de more. Pour y parvenir une seule règle : produire de la qualité en quantité dans les délais impartis. Avec sa famille, ils maîtrisent la chaine de production de A à Z. Ils fabriquent jusqu’à 35 more par semaine.  Récemment, un client leur en a demandé… 150. En résumé, à l’exception du temps, rien ne freine les ambitions d’Adelina.

« Le more, le bananier, les palmiers, les roseaux ou bien d’autres sources, est créateur d’emploi. J’invite les demandeurs d’emplois à s’y intéresser. »

Dernier Né : ELK, pour Espace, Loisirs et Kultur

Et comme si les projets ne suffisaient pas, un troisième a pointé le bout de son nez le 16 février dernier. Ce jour-là s’ouvrait à Papetoai-Moorea « ELK ». ELK est un Espace Loisirs et Kultur qui a pour mission de proposer différentes prestations artistiques, culturelles et artisanales aux résidents et aux visiteurs.
Vouloir enseigner sa culture est un défi qu’Adelina relève au quotidien. Dans son action, ni contrainte, ni corvée juste le plaisir de partager et d’apprendre.

« Mes meilleurs enseignants dans ces domaines sont mes tupuna3. Ils sont d’une richesse culturelle phénoménale. Ils devraient être source d‘inspiration pour ces professionnels du tourisme qui souvent disent des bêtises.»


Son but ultime est la création d’un village culturel avec son réseau de tupuna pour maîtres d’école et des rentiers dans le rôle d’investisseurs. Il pourrait s’appeler « Tupuna Kultur ». N’y voyez là aucune quête de reconnaissance, Adelina aspire à partager ses connaissances à qui le souhaite dans la mesure où cela permet de sauvegarder nos connaissances culturelles.

« En tout cas, je démarre avec ELK, qui sait que ce n’est pas le début d’un Polynesian Cultural Center à Moorea ?  Ce n’est pas une obligation pour moi, c’est une restructuration identitaire. Je pense que c’est mondial car il y a une demande émanant des touristes eux-mêmes. Ils veulent de l’authenticité. Ils veulent vivre la culture directement. »

Beaucoup disent que pour partager sa culture il faut d’abord s’attacher à ne pas qu’elle soit enseignée par les étrangers. Adélina résume cette idée par ce constat :

« J’étais à un festival étranger en tant que jury, lorsque des enfants dansaient sur une chanson qui parlait d’acte sexuel et ce aparima a été enseigné par des ta’ata « Tahiti » Je pense donc qu’il faudrait que les locaux maitrisent leurs langues et leur culture. »

Pour sa part, sa référence reste son père et son réseau de DJEUN’S incluant d’anciens élèves stagiaires qui se proposent de s’occuper de sa communication via les réseaux sociaux. Pour son réseau de tupuna, il est fait mention d’une centaine de personnes de 60 à 91 ans recensés et originaires de tous les archipels. Une mine d’or de connaissances.

« Je vous confirme car la transmission de ce genre n’est pas facile à avoir. »

La place de la femme polynésienne dans notre société ?

Lorsque l’on circule dans la ville ou les districts, Adelina regrette de ne plus voir s’afficher la féminité de la vahine. Les filles préférant les « short » au paréo.  Elle comprend que c’est l’époque qui veut ça, mais elle attire l’attention sur le fait qu’ : « à Hawaii, New Zealande ils veillent à la transmission culturelle (langue, coutumes,…), ici il y a un sacré souci. »

« Le monde rêve de la Vahine, mais la suite de ma phrase ne dépend pas seulement du lieu géographique de notre île ou de sa renommée, je dirais aux polynésiennes soyez belles car vous l’êtes. Soyez belles pour vous en premier et puis pour qui vous le souhaitez. Soyez belles, féminines et fières de vous. what else ? Mauruuru rahi roa »

1 Orero :art oratoire
2More : tissu obtenu à partir d’une plante
3Tupuna : Ancêtres

Jeanne PHANARIOTIS
Rédactrice web
© Photos : ELK MOZ, cultural village

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