Charlotte, la voix du peuple qui veut rendre l’écologie attractive en Polynésie
L’australienne Charlotte Rose Mellis est en charge de l’organisation Vox Populi (VoPo Earth) dans la région Asie-Pacifique. Femmes de Polynésie a rencontré Charlotte afin d’évoquer dans la langue de Shakespeare tous ses projets en Polynésie, et notamment son combat pour un monde plus sobre et plus respectueux de notre planète.
Rendre l’écologie cool pour passer à l’action
Charlotte Rose Mellis, jeune femme australienne originaire du Queensland, arpente depuis quatre ans la région Asie-Pacifique (Indonésie, Philippines, îles Salomon) pour le compte de l’organisation Vox Populi (Earth), qui souhaite promouvoir une forme de tourisme plus respectueuse des communautés locales et de l’environnement.
« A travers la restauration des paysages, on trouve la nature, et à travers les rencontres des autres, on se retrouve soi-même ! C’est vraiment cela que nous cherchons à faire au sien de Vox Populi. Donner à voir des expériences plus authentiques entre des touristes et des locaux autour de projets qui visent à mieux respecter la planète »
A titre d’exemple, Charlotte est allée à Moorea pour rencontrer Titouan Bernicot et les Coral Gardeners qui protègent les coraux de Moorea. A Fakarava d’où elle revient juste, Charlotte a aussi rencontré des locaux qui mettent en œuvre des projets pour préserver leurs écosystèmes exceptionnels.
« Notre idée, c’est de rendre l’écologie cool pour que les gens prennent vraiment conscience et décident d’eux de passer à l’action ! Il faut arrêter de penser que l’écologie est l’apanage de vieux chercheurs aux cheveux blancs, il faut rendre l’écologie cool, sexy, attractive ! c’est à notre génération de faire cela comme le font très bien les Coral Gardeners de Moorea »
Comme elle le décrit en détails dans son Ted X, Charlotte s’intéresse de près aux questions psychologiques entourant la prise de conscience écologique et la nécessité de passer à l’action. Ses réflexions personnelles, facilitées par sa formation en psychologie humaine, font écho aux remarques inclues dans le livre de Georges Marshall « le syndrome de l’autruche » qui analyse les biais cognitifs du cerveau humain qui fait que l’on refuse de faire face à la réalité du réchauffement climatique et de la sixième extinction de masse et aux solutions à développer pour l’entraver.
« En fait, le but est de favoriser la prise de conscience écolo sans la rendre obligatoire ou légale. C’est beaucoup plus efficace de convaincre les gens plutôt que de les forcer. Avec VoPo Earth, on essaie de favoriser les échanges culturels entre les communautés locales et les visiteurs autour de projets et d’aventures respectueuses de l’environnement, en faisant émerger des résultats tangibles au profit des communautés locales ».
Comment trouver l’inspiration pour le futur ? « CALL YOUR GRANDMA MATE »
Sans se départir de son sourire communicatif, Charlotte se fait le fer de lance d’un retour aux techniques et pratiques des ancêtres afin d’imaginer les solutions de demain.
« Call your grandma. C’est vraiment très important de faire appel à ses grands-parents pour trouver l’inspiration pour le futur, en adaptant forcément au présent les techniques du passé. En Australie, nous travaillons beaucoup sur le fait d’intégrer dans l’imaginaire commun les techniques aborigènes, pas seulement pour favoriser la diversité culturelle mais aussi pour trouver des solutions concrètes en harmonie avec la nature devant les défis du 21ème siècle »
Au sein de VoPo, Charlotte s’est associée avec un spécialiste du management des déchets. C’est pourquoi de nombreux projets développés par VoPo ont trait au traitement des déchets. Ainsi, à Fakarava, Charlottte a étudié le système de traitement des déchets. Elle prévoit également de se rendre aux Marquises.
« Dans un milieu insulaire, le traitement des déchets doit être une priorité. Evidemment, le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas en consommant de façon plus raisonnée. Mais ensuite, une fois que le déchet existe, comment faire pour le recycler au mieux ? nous mettons notre expertise au service des communautés locales. Si vous habitez dans les archipels, n’hésitez pas à nous écrire pour nous parler de votre projet ! Nous avons trouvé des solutions innovantes en Indonésie et aux Philippines, où les problèmes de pollution plastique sont très graves, qui pourraient être dupliquées ici ».
Charlotte insiste sur le rôle des femmes dans la prise de conscience écolo. Au sein du groupe « Global sisters » qui analyse les barrières que doivent surmonter beaucoup de femmes dans le monde, Charlotte a été très active.
« Si le féminisme veut dire transformer les femmes en chefs d’entreprise qui ne jurent que par le profit, c’est contre-productif ! Ma vision de la chose, c’est que le féminisme doit réinventer une nouvelle façon d’être CEO avec une prise en compte de plusieurs facteurs, dont la protection de la planète. Je fais confiance aux femmes pour raisonner davantage en termes communautaires que les hommes qui sont souvent très compétitifs : quand la marée monte pour tout le monde, tous les bateaux en profitent ! La protection de l’environnement doit être perçue comme une chose profitable à tous, et les femmes y ont un rôle à jouer particulier »
Plus d’informations
Sur la page Facebook VOX POPULI
G. C.
Rédacteur web
© Photo couverture : Fakarava Frenach Polynesie Te mana Expedition 2018 @celiagalpinphotography
© Photos : Charlotte Rose Mellis, tekpiksapasifika.sky.pixels, yezeka, Jax Oliver