Moea, actrice du changement pour dire « Nana » aux sacs plastiques au Fenua
Il y a des gens sur lesquels il semble évident d’orienter nos projecteurs pour raconter leur vie, mais qui préfèrent l’ombre et la discrétion. Moea Pereyre, co-responsable du désormais célèbre collectif Nana Sac Plastique fait partie de ces gens-là. Elle a pourtant fait un effort pour se confier à Femmes de Polynésie.
« Adolescente, j’ai envoyé un courrier au président Chirac. »
L’écologie a toujours fait partie de ses valeurs familiales. Depuis sa plus tendre enfance, ce qu’on n’appelait pas encore un « geste éco citoyen » était quelque chose de naturel pour Moea. Elle a toujours eu une volonté de s’engager pour défendre l’environnement et se souvient, amusée, qu’elle avait écrit au président de la République, Jacques Chirac, pour lui demander l’arrêt des essais nucléaires en Polynésie Française.
Passionnée par le milieu associatif
Si Moea parle d’elle avec pudeur, elle est en revanche intarissable sur les causes qu’elle défend. C’est l’aspect humain qui la guide, les rencontres, et tout ce qu’elle peut en apprendre. Elle est aujourd’hui active dans Proscience et son planétarium itinérant, l’association Rahui No Teahupoo, Tia’i Fenua et son collectif Nana Sac Plastique. C’est juste une question de temps qui lui impose des limites dans cet appétit d’engagements.
« Mes passions personnelles : mes enfants et la randonnée. »
Moea aime se retrouver dans la nature lors de randonnées. Quand on insiste un peu sur l’aspect personnel de sa vie, elle confie, avec une émotion touchante, que ses enfants sont aussi la passion de sa vie, elle qui a été maman jeune, ce qui a changé sa vie, l’a responsabilisé et fait grandir. Mais très vite elle nous ramène sur le sentier de sa croisade.
« J’ai vite mesuré l’ampleur de l’impact de l’homme sur son environnement. »
En tant que conseillère pédagogique, Moea se documente sur les questions environnementales. Sa prise de conscience est instantanée et elle découvre la menace planétaire que fait peser le plastique sur la mer, la faune… Au fur et à mesure, elle connait parfaitement son sujet et, quand elle entend Moana Van Der Maesen créer le collectif Nana Sac Plastique, elle le contacte immédiatement pour le rejoindre.
« La situation est alarmante. La solution est en chacun de nous. »
Moea arrive à convaincre son auditoire très rapidement car c’est une passionnée : elle multiplie les exemples concrets de menaces et de conséquences désastreuses dûes au plastique. Elle multiplie, avec le collectif, les interventions dans les établissements scolaires. Si les élèves ne sont pas toujours réceptifs, elle se dit que si ne serait-ce que seulement deux ou trois élèves d’une classe se sentent concernés à chaque intervention, la prise de conscience finira par se faire. Les opérations de nettoyage avec des bénévoles se répètent et il faut au collectif une bonne dose d’optimisme lorsqu’ils constatent qu’un site nettoyé est à nouveau pollué de déchets un mois plus tard. Tout est entre les mains de la jeune génération.
« Chacun d’entre nous pouvons agir et changer les choses. »
Moea est généreuse pour décrire les attitudes éco-citoyennes qui font son quotidien et qui sont à la portée de tous. Du refus d’utiliser les sacs plastiques des magasins, aux bouteilles plastique d’eau que l’on peut remplacer par des gourdes ou des bouteilles en verre, en passant par les barquettes utilisées pour un oui ou pour un non alors qu’on peut maintenant opter pour des achats en vrac, jusqu’aux pailles qui existent maintenant en bambou… Moea a changé sa vie, et sa petite famille a suivi naturellement.
Le meilleur déchet c’est celui qu’on ne produit pas
Elle reconnait ne pas avoir inventé le slogan, mais se plait à répéter que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Phrase éloquente que l’on devrait tous avoir en tête.
«Je sais qu’on peut faire changer les choses»
Refusant le fatalisme, fuyant le pessimisme et les polémiques, Moea continue son combat au quotidien et est persuadée que nous pouvons tous changer les choses. Elle reprend l’exemple des sacs plastiques et rappelle cette évidence économique : si on n’en réclame plus, on n’en produira plus. C’est la loi de la demande et de l’offre.
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Sur la page Facebook Nana Sac Plastique
Laurent Lachiver
Rédacteur web
© Photos : Moea Pereyre, Nana Sac Plastique