Mihitere Arakino, l’amour des arts traditionnels
Dans la chaleur estivale, une nappe d’ombre nous apporte la fraîcheur tant convoitée. Dans ce cocon de couleurs révélées par l’humidité ambiante, Femmes de Polynésie rencontre Mihitere Arakino, artiste aux multiples talents, passionnée de culture polynésienne.
LE ΄ORI TAHITI AVANT TOUT
Mihitere Arakino vit depuis toujours dans la commune de Papara, sur la côte ouest de Tahiti. Enfant, elle se passionne pour la danse traditionnelle et fréquente deux écoles.
« Le ΄ori tahiti, c’était vraiment toute ma vie. »
Toute son adolescence, elle fait des shows avec une troupe de la commune, et participe au Heiva. Malheureusement, suite à un problème de santé, elle ne peut plus monter sur scène pour vivre ce qu’elle ressent comme une vocation.
Seulement, pour Mihitere, il est hors de question d’arrêter de s’épanouir dans le monde du spectacle.
« Tant que je reste dans ce monde, je suis heureuse. »
AU CŒUR DE L’ORCHESTRE
« On manque de femmes dans les orchestres. On les voit plus dans la danse, mais c’est un cliché. »
La vahine, également musicienne dans l’âme, se plaît à perfectionner l’art de la percussion.
« Le fait d’être danseuse m’a beaucoup apporté pour mon oreille musicale. »
Elle se met facilement aux percussions et participe à plusieurs « shows hôtel ». C’est sous les encouragements de sa famille et de ses amis, qu’elle intègre l’orchestre de la troupe Teva i tai au Heiva i Tahiti 2022, au tari parau1.
« Ça représente beaucoup. Pour moi, c’est le cœur d’un groupe. Sans musique, on ne fait pas grand-chose. »
Instrumentiste mais également chanteuse, on peut l’apercevoir pour sa première scène dans ce rôle aux côtés de la troupe Manohiva lors du Heiva i Tahiti 2023.
Mihitere s’épanouit dans ces disciplines qui ne demandent pas moins de rigueur que le tāmūrē.
ENCORE BEAUCOUP À APPRENDRE
Une année, il lui est même proposé de diriger un orchestre. Cependant, la jeune femme ne se sent pas encore l’étoffe d’une ra΄atira2.
« Je considérais que je n’avais pas assez d’expérience. »
Cette expérience est donc partie remise, mais il n’est pas incertain que nous la rencontrerons dans ce rôle lors d’un prochain Heiva.
« Rien que le fait qu’on me propose, ça reste valorisant. »
VALORISER LA CULTURE
Mihitere Arakino se plaît à naviguer à travers ces domaines complémentaires, pourtant si différents.
« Chaque aventure est belle ; je ne sais pas si j’ai une préférence. »
Artiste pluridisciplinaire, elle est avant tout guidée par son amour pour la culture polynésienne.
« Je trouve que la culture est de plus en plus mise en valeur. Les jeunes s’y intéressent beaucoup. »
Fière de ses racines, Mihitere porte les arts traditionnels comme étendard.
« Elle rayonne notre culture, et j’espère que ça ne s’arrêtera pas là. »
S’ENTOURER DE PERSONNES QUI CROIENT EN NOUS
Quand nous lui demandons si elle a un conseil à donner à cette jeunesse avide de connaissances, elle répond humblement :
« Il faut se lancer, tout simplement ! Tout est possible. »
Mais son secret, elle nous le dévoile dans un sourire :
« Je suis reconnaissante d’être entourée de bons copains, qui m’aident à apprendre et me considèrent. Ce sont de bons musiciens. Je suis également reconnaissante pour le soutien inconditionnel de mon compagnon.»
Ainsi, Mihitere, du haut de ses 27 ans, nous rappelle l’essentiel : la culture est un mode de vie à s’approprier, ensemble.
1 Le tari parau est une sorte de grosse caisse sur laquelle on fait sonnet un maillet feutré. Il résonne fort et donne la cadence, le tempo.
2 Le mot ra’atira désigne le chef. C’est avec ce terme que l’on désigne les chefs d’orchestre des groupes de musiciens ou de hīmene. Lorsque l’on parle d’une jeune fille qui dirige une troupe, on utilise également l’expression ra’atira rautī.
Rédactrice
©Photos : Cartouche, ‘Anapa Production, Sylvie Wongk, Redsoyu, pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES