Vetea, amour et engagement pour les 4 pattes de Papara
Derrière les portes de l’Écolycée1 Tuianu Le Gayic à Papara, Vetea raconte à Femmes de Polynésie ses 20 ans d’enseignement en Sciences de la Vie et de la Terre. Lorsqu’un bout de chou pointe son museau, la rencontre s’apparente à la venue d’une amie de longue date. On y perçoit là les racines du combat de Vetea.
Portrait d’une femme engagée au sein de l’association les 4 pattes de Papara, qui transmet par son métier l’amour pour sa commune, les animaux, les humains, la nature et l’environnement.
Le lycée, un deuxième foyer
Le lycée Tuianu Le Gayic ouvre en 2001. En 2005, Vetea, jadis enseignante au collège de Papara, vient compléter l’équipe de professeurs du nouvel établissement. Cependant, quelques années plus tôt, elle projetait ses études supérieures dans une branche médicale.
« À la base, je voulais être vétérinaire, mais à l’époque ce métier était un peu compliqué à entreprendre en tant que femme. Après 5 ans à Montpellier pour mes études, je suis revenue. »
Aujourd’hui, Vetea ne changerait rien, car quand elle enseigne sa matière, elle offre une partie de soi et y insuffle de la passion.
« J’aurais pu passer des concours et ne plus faire cours mais je veux rester en contact avec les élèves et mener à bout les projets avec eux. Je ne viens jamais au travail avec la boule au ventre, car j’aime bien le contact avec les élèves. Au travers de mon métier, j’essaye de faire passer des valeurs. Par exemple, les valeurs associées à la cause animale. »
Également référente pour le label Écolycée, la professeure de SVT parvient à concrétiser la théorie qu’elle enseigne, mais ses missions ne s’arrêtent pas là.
« On a un potager partagé au sein du lycée, on fait beaucoup d’actions solidaires et environnementales, toujours avec une portée locale. »
Et dans le même cadre :
« On apprend à nos élèves l’autonomie. Parce qu’ils sont des adultes en devenir, nous intervenons également sur tous les aspects de la relation amoureuse. J’ai suivi une formation avec le Dr Sabrina Chanteau sur l’éducation bienveillante à la vie affective et sexuelle et son kit EVAS distribué dans tous les établissements scolaires est un support formidable. Aujourd’hui, on ne fait plus seulement de l’explication théorique sur la contraception, nous traitons le sujet en profondeur, avec des discussions sur la violence intraconjugale, la jalousie… »
Ce vaste champ d’application c’est ce qui anime Vetea dans son enseignement au quotidien.
Les 4 pattes de Papara
À l’échelle du territoire, les hôpitaux recensent en moyenne une victime d’attaque de chien par jour. Pourtant, bien que les morsures et les attaques peuvent s’avérer graves, les victimes ne s’arrêtent pas aux mordus, ici, la détresse a des dents.
En Polynésie, un cri émane des quartiers, car avec certains de leurs résidents humains, c’est aussi tout une population qui est oubliée. Aux abords des snacks, des roulottes, des plages et dans les quartiers, ce sont nos fidèles compagnons qui sont laissés pour compte. Leur bien-être ? Depuis longtemps, Vetea en a fait sa mission.
« Depuis la création de notre association, nous faisons stériliser en moyenne une centaine d’animaux par an et nous avons pu sortir un peu moins de 200 animaux de la rue. Il y a encore beaucoup à faire. »
Notons que la santé des chiens et chats errants et divagants est intimement liée à la nôtre.
« Notre objectif, ce sont des chiens stérilisés, soignés, nourris et adoptés. Un chien stérilisé, c’est un chien qui n’a pas de chaleurs, qui est moins susceptible d’aboyer, de se battre ou de mordre. Le résultat : des quartiers plus vivables. Tout est imbriqué. C’est le bien vivre ensemble. »
« Nos actions dans les quartiers sont importantes, mais nous ne pouvons pas y arriver sans l’aide des résidents. Il faut qu’ils voient qu’un chien, c’est beau. Oui, certains ont la gale, mais dès qu’ils sont soignés et nourris, ils se portent beaucoup mieux. »
Quand Vetea rencontre Marama Bres, présidente de l’association les 4 pattes, il y a 5 ans, elles décident de continuer ce qu’elles font déjà en créant l’association.
« On nourrissait les mêmes chiens. On a monté l’association pour pouvoir demander de l’aide et des subventions. Nous sommes le noyau de l’association. »
L’engagement de Vetea est invariable, elle ne baisse pas les bras face à la difficulté, mais elle admet que de l’aide supplémentaire et des structures adaptées seraient les bienvenues.
« On ne peut pas intervenir partout mais on peut aiguiller les gens dans leurs demandes. C’est la preuve qu’il nous manque vraiment une structure au sein de la commune. On aimerait avoir un refuge plutôt qu’une fourrière. Aujourd’hui, on compte sur les bénévoles, les donations, la subvention annuelle de la DIREN et le FDVA² . Nous faisons un appel à la mairie de Papara pour obtenir une subvention et un partenariat dans nos actions de recensement et de prévention auprès de la population. »
« À mon mariage, j’ai demandé aux invités de ramener des croquettes plutôt que de l’argent (rires). »
Et tandis que la sonnerie d’école retentit, elle nous rappelle l’essentiel :
« C’est par amour pour les animaux et ma commune que je m’engage. »
1 Éco-École est un programme gratuit d’éducation au développement durable à destination des écoles, collèges et lycées partout en France.
2 Fonds pour le Développement de la Vie Associative