Claudie Marchal, le pouvoir de se définir
Dans un poti marara entre Nuku Hiva et Ua Pou, à l’issue d’une longue journée pleine de surprises, Claudie sécurise la valise de 16kg qui doit être livrée avant 16h. Ces situations sont une réalité que la première femme convoyeur de fonds sur le territoire connaît bien. Pour Femmes de Polynésie, elle dévoile les coulisses de Pacific Cash Services, une filiale du groupe OPT. Place à Claudie, dont détermination et caractère riment avec douceur et bienveillance.
Un départ coûte que coûte
En 1986 Claudie a tout juste 5 ans quand ses parents se séparent.
« Je suis issue d’une famille recomposée. J’ai un père Maohi aux yeux verts et une mère originaire des Australes. J’ai grandi à Papara, je suis l’aînée d’une fratrie de 5. »
Dès petite, elle était déjà leader et elle secondait sa mère pour les tâches ménagères et la cuisine.
« Rétrospectivement, j’avais beaucoup de responsabilités pour quelqu’un de mon âge, mais pour moi c’était normal. »
Claudie considère la famille comme le socle de la société.
Elle souhaite préserver ses enfants les aider à grandir et à développer leurs talents.
« Je suis la mère de 3 magnifiques enfants (15 ans, 9 ans et 3 ans), cela fait 25 ans que je partage ma vie avec le père de mes enfants. Nous faisons de notre mieux pour éduquer nos enfants avec des valeurs tels que le respect, le partage et l’amour. »
Claudie avance coûte que coûte. En 2001, avec un BTS assistant de gestion en poche, elle se jette dans la vie active.
« Je suis issue d’une famille modeste. De ce fait même si j’aurais souhaité continuer mes études, trouver du travail était une nécessité. »
Un bout de chemin avec l’OPT
Quelques temps après, Claudie intègre le service des affaires financières de l’OPT, en tant que contrôleur de budget. On est alors loin du convoyage de fonds.
« On peut dire que j’ai commencé en bas de l’échelle et j’ai mené un parcours de la performance. Autodictacte, j’ai complété mes formations en cours du soir. L’OPT m’a donné l’opportunité de passer l’ITB , une formation en management bancaire. Ce fût un challenge et une expérience enrichissante. »
Les années passent et en 2014, Claudie travaille alors à la direction de la poste polynésienne, dans le département gestion en tant que responsable du budget, des ressources humaines et de la logistique.
« A ce moment-là, en tant que responsable budget, RH et logistique, j’ai eu l’opportunité de manager 43 personnes et de collaborer à la gestion du réseau des agences postales qui représente 450 personnes. »
L’aventure Pacific Cash Services
Le groupe OPT se transforme, Claudie se lance un nouveau défi et part dans l’aventure du convoyage. En 2018, PCS est créé et Claudie devient conseillère de son président. Elle part sur de nouvelles bases avec des valeurs fortes à insuffler dans cette toute nouvelle entreprise.
« Engagement, disponibilité, exemplarité ! »
Avec les 4 services que propose PCS, le convoyage, le comptage, la gestion des distributeurs automatiques de billets et le stockage de fond, Claudie, part faire une formation de convoyage en France.
« J’ai toujours aimé visualiser le terrain, pour pouvoir mieux gérer les problèmes et apporter des solutions pertinentes. Donc j’ai voulu apprendre le métier entièrement. »
Ce qui nous amène à cette fameuse traversée en poti marara entre Nuku Hiva et Ua Pou, soit 2 heures de bateau, l’avion est en panne mais une solution est trouvée, belle image quant à l’ampleur de l’engagement de Claudie.
« On est assez agile, on est des aito, donc on trouve des solutions sur place. Il ne faut pas avoir le mal de mer. »
Alors Claudie trouve des solutions, car elle a l’habitude de se tirer des mauvais pas. En matière de disponibilité, la jeune femme ne dépérit pas, en se jetant sur le terrain dès que l’équipe de convoyage est en sous-effectif.
« Le métier est compliqué pour nous, les femmes. Il reste plein de préjugés. Quand on veut l’égalité, on doit l’assumer alors je rappelle souvent à mon binôme que je suis capable de porter ma valise, comme une grande. »
Au-delà de la battante professionnelle, de l’éternelle femme d’action, se trouve une femme multifacettes.
Accroche-toi !
Avec un agenda bien chargé tant au niveau professionnel qu’au niveau personnel, la mère de famille trouve le temps de s’adonner régulièrement à l’une de ses passions : le tir à la cible.
« La passion du tir est venue par hasard alors que j’effectuais mon stage en France. »
Rien ne la vouait à un tel hobby mais durant son stage, une partie de la formation est dédiée au tir à la cible. Claudie appréhende énormément ce premier jour, car une chose est sûre, la jeune femme a toujours eu « peur des pétards ! ».
« Je pensais ne pas y arriver, mais petit à petit avec détermination et les ongles limés, je me suis accommodée du bruit du tir.»
À l’issue de son stage, contrairement à ce à quoi elle s’attendait, elle reçoit les félicitations de ses formateurs.
« Je n’en revenais pas. Ils m’ont donné un courrier, chose qu’ils ne font jamais. Je pensais que c’était administratif. Au lieu de cela, j’ai eu droit à des félicitations avec mes fiches de tirs. »
Claudie n’a cessé de donner ou d’aider et comme son parcours professionnel et de vie en témoigne, elle en a fait une seconde nature. Alors quels mots pour toutes ces femmes qui souhaitent aller toujours plus loin? La mère de famille rayonnante de bienveillance nous répond :
« Accroche-toi ! Rien ne te définit, toi seule a ce pouvoir. Alors regarde toujours plus loin, toujours plus haut, tu en étonneras plus d’un, à commencer par toi. »
Niuhiti Gerbier
Rédacteur Web
©Photos : Claudie MARCHAL pour Femmes de Polynésie