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Culture

Dessiner pour exister

Publié le 23 avril 2021

À l’adolescence, Coraly dévore les bandes dessinées. Quand elle découvre que le travail d’illustration peut être un vrai métier, elle décide de tenter l’expérience. Elle veut faire comme ces artistes qui lui  procurent tant de plaisir. Femmes de Polynésie dessine le portrait de Coraly. Elle se confie sur cette passion qui grandit en elle et avec elle depuis toujours et qui lui a permis de vaincre ses démons…

Solitaire

« Courage ma chérie ! Ça ne va pas être facile. Tu vas vivre plein de choses en l’espace de 18 ans seulement ! »

Si elle pouvait faire un bond en arrière, c’est exactement ce qu’elle dirait à cette petite qui voit le jour le 27 août 2002.

D’un père absent et d’une mère un peu confuse, c’est avec ses grands-parents que Coraly Nakeaetou grandit à Taravao.

« Je porte le nom de ma mère originaire des Marquises où j’ai la chance d’aller en vacances. »

Très tôt déjà, elle trouve naturellement son coup de crayon et ses traits la conduisent dans l’univers Ghibli1. Le dessin deviendra un exutoire et bien plus encore au collège où Coraly est victime de harcèlements.

« Des élèves s’amusaient à piquer mes savates ou à me bousculer. »

L’enfer dure deux ans. Entre-temps, elle quitte la presqu’île avec sa mère et son beau-père qui doivent se rapprocher de leur travail en ville.

« C’était pire car j’étais la nouvelle et du coup je ne connaissais personne. Les filles se moquaient de mon physique. »

Renfermée, la victime exprime ce qu’elle ressent à travers son art. Elle rencontre d’autres problèmes dans les conflits familiaux mais aussi avec un garçon « qui ne connaissait pas le consentement. »

Flou

En vue de faire de sa passion un métier, elle se tourne vers une filière Plurimedia2. Déterminée, ce sont des heures de travail intense qui prennent le dessus sur sa santé.

 

« Je voulais être la meilleure et je me mettais la pression. Je ne dormais plus et me nourrissais mal. Je me suis sabotée toute seule. »

Mauvaise hygiène de vie, mauvaise organisation, peu de sommeil… la suite logique voulait que la jeune fille s’écroule. Elle se retrouve déscolarisée à 16 ans. 

Après quelques mois de repos, Coraly passe un concours d’entrée au Centre des Métiers de l’Art3.

« Grâce à ma mère. C’était un peu difficile pour elle de m’aider car elle n’y connaît pas grand-chose dans ce domaine. Mais elle s’est toujours démenée pour m’envoyer vers la bonne voie. »

Ça aurait pu être enfin le début de la libération mais le destin en décida autrement ; une fois de plus la santé de la jeune fille se dégrade. Des problèmes d’hypotension4 se manifestent.

« Je faisais des malaises vagaux. C’est dommage parce que je me sentais vraiment bien là-bas. Il a fallu que j’arrête au bout de trois mois. »

Liberté

En janvier 2020, Coraly finit par abandonner les études pour se lancer dans la vie active. Elle emménage avec son petit ami, Arii5.

« Nous nous sommes rencontrés au club de manga quand j’étais au lycée. C’était super car il y avait des ateliers autour du Japon. Arii apparaissait en tant que cosplay6. »

Les différences s’attirent et le couple nous le prouve bien. Arii est un moteur extraverti, Coraly une artiste introvertie…

« C’est un garçon extraordinaire qui me soutient à 100%. Professionnellement il m’aide pas mal étant donné son parcours riche d’expériences. Il m’aide surtout à tenir le coup mentalement. »

Dans leur appartement, elle se crée une bulle dans laquelle elle peut travailler sur ses projets et avancer sereinement. Son style n’est pas encore défini car il évolue constamment.

« C’est un style réaliste en globalité. C’est une plongée dans une atmosphère toujours irréelle et onirique.  »

Parmi lesdits projets, une bande dessinée est en cours. Coraly se révèle dans le graphisme digital à travers ses œuvres aussi expressives que poétiques.

« Je veux faire de la BD polynésienne afin de mettre notre culture en mouvement. Je travaille dessus avec ma tante aux Marquises qui traduira les légendes. »

Le résultat devrait pointer le bout de son nez dans pas longtemps, en attendant vous pouvez suivre l’évolution de Coraly sur sa page Facebook.

« J’espère que la route continuera vers de l’animation et que je pourrais faire d’autres choses en prenant autant de plaisir. »

Si les dessins de Coraly lui parlent personnellement c’est parce qu’elle le fait par besoin d’exprimer quelque chose. Pensant dessiner de façon générale, elle s’aperçoit à force qu’elle dévoile un concept précis en elle.

« Je véhicule des émotions. Je ne pense pas qu’on puisse vaincre la dépression, il faut juste apprendre à vivre avec et en faire quelque chose de beau. »

L’art est fait pour que chaque individu puisse libérer une interprétation qui lui est propre dans le fait de créer, comme dans le fait d’observer. À vous de percevoir comme bon vous semble…

1 Studio d’animation japonais fondé par Hayao Miyazaki et Isao Takahat en 1985

2 Bac pro qui prépare aux métiers de la communication visuelle

3 École ouverte sur l’art traditionnel située à Mamao

4 Baisse brutale de la tension artérielle

5 Lire le portrait de Choco

6 Pratique consistant à incarner un personnage de manga

 

Vainui Moreno

Rédactrice Web

©Photos : Vainui Moreno et Coraly pour Femmes de Polynésie

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