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Société

Pauline, consultante en développement durable en Polynésie

Pauline, consultante en développement durable en Polynésie

Publié le 11 avril 2018

Jeune femme dynamique et enjouée, Pauline est consultante en développement durable en Polynésie française. Son parcours, fait de voyages et de rencontres, l’a amené à être aujourd’hui une fervente défenseure de l’environnement à travers des actions qu’elle met en place avec Te Ora Naho, la Fédération des associations de protection de l’environnement en Polynésie. Femmes de Polynésie l’a rencontré, pleine d’idées et de projets pour l’avenir. 

Consultante en développement durable, un métier engagé

Depuis janvier 2017, Pauline travaille en tant que consultante indépendante pour Te Ora Naho, la Fédération des associations de protection de l’environnement, son plus gros client. Au départ, elle doit travailler sur le projet éco-sentinelles.
Te Ora Naho - Femmes de Polynésie
Le principe ? Créer un réseau de soutien de personnes motivées à protéger l’environnement, à travers une formation au développement durable d’une semaine comprenant plusieurs modules théoriques et pratiques. Le développement durable comprend trois aspects fondamentaux : l’environnement, le social et l’économie à la fois pour le présent, mais aussi pour les futures générations. Quinze éco-sentinelles sont d’abord recrutées aux Australes, puis dix-sept à Punaauia.

« On essaye de s’étendre, on répond a plein de demande de subventions pour avoir le budget pour pouvoir continuer ce projet. L’idée c’est de former des bénévoles pour qu’ils n’aient pas que la motivation, mais aussi les compétences pour pouvoir mettre en œuvre des projets. »

La FAPE1 existe depuis 1989 et développe de nombreux programmes. Cette année, ce sont les aires marines éducatives : « on aide les élèves des écoles à gérer de façon pédagogique une aire marine, quatre à Tahiti et une aux Tuamotu. » En partenariat avec L’OPH, la Délégation à l’habitat et à la ville ou encore l’ADEME, Pauline et la FAPE travaillent aussi à instaurer la filière bois en Polynésie pour promouvoir les matériaux locaux et renouvelables. Pauline s’inspire de ses voyages et de ce qu’elle a appris pour proposer de nouveaux projets.

Les éco-sentinelles à Tubuai - Femmes de Polynésie
Les éco-sentinelles à Tubuai

« J’ai beaucoup étudié la permaculture, j’adore ça ! J’ai grandi ici mais j’ai beaucoup voyagé et j’ai vu de la permaculture partout, ça m’a beaucoup inspiré. »

La jeune femme propose alors à la FAPE de lancer un programme axé sur la sensibilisation à la permaculture au travers de conférences, d’ateliers et de formations. Le projet est amorcé en 2018. La permaculture se base sur la préservation de la nature grâce à une agriculture respectueuse de l’environnement, le bien-être de l’être humain et le partage équitable des ressources.

« On y va petit à petit, on dépend en grande partie des bailleurs de fonds publics ou privés. »

Échange de graines au lycée St-Joseph de Punaauia

Le projet permaculture initié par Pauline et Te Ora Naho commence par une matinée conférence au lycée St-Joseph de Punaauia le samedi 24 mars 2018. Deux invités de marque y sont présents : Michel et Jude Fanton, permaculteurs australiens très connus venus voir leur fille à Tahiti.
Echange de graines et permaculture à Punaauia, Tahiti

« Au début, c’était parti pour être un petit événement de rien du tout et on s’est retrouvé le jour J avec plus de cent personnes. Et surtout beaucoup d’engouement ! »

Éducation des jeunes par rapport à l’environnement, alimentation saine… Le lycée St-Joseph a été choisi pour cet événement car son directeur, Vetea Araipu, est dans la même dynamique que la Fédération et aussi à la tête d’une jeune association : Agir pour la Polynésie.

« Il y a eu une bonne synergie qui s’est créée. Michel et Jude expliquaient le concept de la permaculture et la grosse thématique c’était l’échange de graines. »

Michel et Jude ont créé en 1986 la fondation Seed Savers, « le réseau des sauveurs de graines ». Pauline résume ce que sont, pour elle et pour le réseau Seed Savers, les deux principaux avantages de conserver et d’échanger ses graines : plus de dépendance aux grands groupes agroalimentaires qui créent des variétés OGM qui ne se reproduisent pas (une fois la plante cultivée, les graines qui en sont issues ne poussent pas), et faire la promotion de la biodiversité en échangeant des graines de variétés locales ou anciennes.

Pauline Sillinger au Mexique - Femmes de Polynésie
Pauline au Mexique

« Quand tu cultives tes graines locales tu peux avoir des fruits et des légumes que l’on ne trouve pas dans les supermarchés ou même les magasins bio. Tu contribues à préserver la biodiversité locale avec toutes les variétés comestibles et tu vas créer un réseau autour de cet échange de graines. »

Les réseaux Seed Savers sont présents aujourd’hui dans 42 pays, avec 100 points relais en Australie. Pour Pauline, c’est un système qui marche car expérimenté dans le monde entier. C’est pourquoi elle aimerait développer un tel réseau en Polynésie.

« Ce jour-là, il y avait une énorme table avec plein de graines et de boutures, c’était vachement sympa, les gens échangeaient beaucoup entre eux. J’essaye de voir si ce n’est pas quelque chose que je pourrais répliquer. »

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Un voyage marquant en Équateur

Pour comprendre ce qui l’a poussé à s’engager pour l’environnement, en y intégrant une dimension économique et sociale, il faut revenir en arrière. Pauline a grandi à Moorea, avec une maman « super nature ». À 16 ans, sa maman l’emmène faire un voyage en Équateur, à la frontière de la forêt amazonienne.

« Moi j’adore les arbres, les plantes, les fleurs, ça a toujours été mon truc dans la catégorie nature. »

Moorea - Polynésie française
Moorea

Pauline découvre lors de ce voyage les ravages de la déforestation, contés par son guide local. La jeune fille est bouche bée devant ces explications mais aussi devant les trucks qu’elle voit circuler, remplis de troncs d’arbres coupés.

« Il m’a aussi appris plein de choses sur les conditions sociales et économiques dans son pays. Ce qui m’a le plus marqué c’est l’histoire d’un enfant de 11 ans qui s’est suicidé dans son village parce qu’il ne pouvait pas payer les 86 euros de frais d’inscription pour aller à l’école. »

Après un an et demi de travail pour récolter cet argent, l’enfant est arrivé à l’école avec 85 euros le jour de l’inscription. Sa maîtresse lui a dit de revenir l’année d’après. La jeune fille reste sans voix face à cette histoire, qui lui donne matière à réflexion.

« Moi je suis là à vouloir donner des leçons sur l’environnement, mais en fait il y a des gens qui ne peuvent même pas aller à l’école, même pas manger. »

Pauline Sillinger en Equateur avec sa maman
Pauline en Équateur avec sa maman

Travailler dans l’environnement où comment se renouveler quotidiennement

Après son voyage en Équateur, Pauline entame ses dernières années au lycée et envisage pour la suite un métier en lien avec la nature, paysagiste peut-être.

« Mais je savais que ce qui allait me manquer, c’était l’aspect impliqué et l’engagement. »

Elle décide alors de faire des études d’environnement basées sur l’aspect économique et social.

« Je m’étais dit : je ne vais pas commencer à donner des leçons sur la protection de l’environnement si les êtres humains n’ont pas la base, ça ne marchera jamais. »

Pauline Sillinger au Panama
Pauline au Panama avec sa famille d’accueil
Pauline Sillinger au Panama
Au Panama

La jeune femme part alors faire ses études au Canada, comprenant six mois au Panama où elle mène des études sur le terrain, une façon d’apprendre qui a tout changé pour elle et l’a beaucoup inspirée pour la formation éco-sentinelles. Elle part ensuite en Espagne pour y apprendre la permaculture, puis au Brésil où elle vit et travaille, avant de rentrer à Tahiti en 2016 pour ne plus en repartir.

« Au début j’étais rentrée pour danser, je fais beaucoup de danse tahitienne et après avoir vécu à l’étranger ça me manquait trop, ça fait 10 ans que je danse dans le groupe de Makau : Tamariki Poerani. »

Heiva 2017 - Femmes de Polynésie
Heiva 2017

Pauline regorge d’idées et de projets pour l’avenir : animatrice télé pour un show sur les plantes, continuer la danse et donner des cours, développer et déployer le réseau éco-sentinelles, « et dès que j’ai le temps, je fais du fa’a’apu2 chez moi ». La permaculture est aussi un projet qui lui tient à cœur. Pour elle, il ne s’agit pas juste d’agriculture mais bien d’un moyen de changer les consciences, une philosophie de vie plutôt que des techniques.

« Une fois que tu as cette philosophie, tu peux l’appliquer dans ton entreprise, ton association, tes projets… J’aimerai beaucoup travailler à développer ça. »

Aujourd’hui, la jeune femme propose des solutions à mettre en place et conseille les structures et organismes souhaitant intégrer dans leurs projets une démarche environnementale. Le défi de Pauline au quotidien : rendre l’environnement « cool » et montrer qu’il ne s’agit pas seulement de personnes qui manifestent, mais bien de projets qui réunissent des gens motivés à agir pour le développement durable avec une dimension sociale et économique.

Pauline Sillinger - Femmes de Polynésie
Conférence SeaSteading

« Ça peut être fun et on peut faire une carrière vraiment intéressante ! »

La jeune femme essaye au quotidien de se renouveler, d’évoluer positivement et de faire foisonner ses idées pour construire une Polynésie de demain engagée pour la préservation de son environnement. Elle cherche aussi à donner envie à ceux qui ont des idées de se lancer, en parler et développer de nouvelles initiatives.  

Plus d’informations

Sur la page Facebook Te Ora Naho – FAPE
Et sur le site www.teoranaho-fape.org
1 FAPE : Fédération des associations de protection de l’environnement
2 Fa’a’apu : potager

Camille Lagy
Rédactrice web
© Photos : Pauline Sillinger

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