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Faire voler les rêves d'enfants

Les Tamari’i du Ciel : faire voler les rêves d’enfants

Publié le 25 janvier 2018

Carole est une jeune femme passionnée et dynamique. Je la rencontre à Papeete par une journée ensoleillée, où elle me raconte être sur le territoire depuis un an et demi. Au départ, rien ne la prédestinait à venir s’installer quelques années à Tahiti, mais la mutation de son mari pilote dans l’armée de l’air a tout changé. Aujourd’hui, elle souhaite « donner un sens à son passage ici » grâce à la création de l’association Les Tamari’i du Ciel, une initiative inédite à Tahiti : faire voler et rêver des enfants ordinaires et extraordinaires… Femmes de Polynésie vous explique tout !

La naissance des Tamari’i du ciel

Carole Herraïz arrive en Polynésie française en août 2016, un peu par hasard… Issam Yagoubi, son conjoint, pilote et commandant d’escadron dans l’Armée de l’Air, est muté à Tahiti pour trois ans. La jeune femme, qui travaille aussi dans l’Armée de l’Air, met alors entre parenthèse sa thèse en sciences politiques et son poste d’officier le temps de leur passage au Fenua1.

Au FIFO2, qu’ils ont adoré, ils visionnent le documentaire « Alors on danse » de Jacques Navarro-Rovira.

« Des enfants de l’Association de la Fraternité Chrétienne présentant un handicap dansent avec des professionnels. Ils montent un spectacle au Petite Théâtre de la Maison de la Culture et apprennent à se servir de leur corps pour transmettre. Ils apprennent aussi sur eux-mêmes. »

Ce documentaire leur donne l’idée de développer le projet Rêves de Gosse en Polynésie, auquel Issam avait participé en France. En août dernier, ils créent ensemble l’association les Tamari’i3 du Ciel. Carole en est la présidente et Nicole Sanquer, député nationale, en est la marraine. D’un point de vue personnel, l’association a permis à la jeune femme de trouver sa place, ici à Tahiti, en dehors du cadre militaire.
Alors qu’est-ce que Rêves de Gosse ?

Rêves de Gosse : rencontres, partage, découvertes et émerveillement

En France, le pilote Jean-Yves Glémée crée l’association Les Chevaliers du Ciel il y a 22 ans, avec d’autres pilotes bénévoles. L’Armée de l’Air est partenaire et chaque année, 30 avions et un Casa4 sillonnent le ciel français pendant une semaine, à travers différentes étapes.

« Rêves de Gosse, c’est permettre à des enfants ordinaires et extraordinaires de se rencontrer, d’appréhender les différences entre êtres humains et de rêver. »


Les enfants extraordinaires sont ceux en situation de handicap, malades ou défavorisés par la vie.

« Ce sont des enfants un peu cabossés par la vie, dès la naissance ou après. »

Les enfants ordinaires sont ceux ne connaissant pas ces difficultés. L’objectif est de les réunir tout au long du parcours pour qu’ils travaillent ensemble sur une thématique commune : le domaine de l’aérien, ce que leur évoque le ciel et le fait de voler, en quoi cela les fait rêver.
Animations et vols en avion leurs permettent de s’évader, ensemble, le temps de quelques instants merveilleux. Au-delà du pilote, les enfants découvrent des métiers jusque-là inconnus, ainsi que la présence de femmes à tous les échelons. L’apprentissage de la différence et l’interaction à l’autre sont des éléments clés lors du parcours Rêves de Gosse, pour une expérience unique d’où les enfants, ainsi que les plus âgés, sortent grandis.

« Entre ciel et mer, ‘a moemoea tatou ! »

« Entre ciel et mer, rêvons ! » est la thématique choisie par l’équipe pédagogique pour le projet Rêves de Gosse à Tahiti. Les enfants travaillent sur l’histoire de l’aviation et des pirogues traditionnelles en Polynésie française.

« Les enfants ordinaires sont issus d’une classe de CM1 de l’école Saint-Paul-Sainte-Thérèse et les enfants extraordinaires viennent du Centre pour Handicapés Moteurs (CHM) de la Fraternité Chrétienne. »


Pour le projet, les enfants sont en binôme : un extraordinaire avec un ordinaire. L’objectif ? Faire travailler leur imagination et créer des échanges autour de l’air et de l’eau. Les travaux des enfants seront présentés à travers une exposition lors de leur dernière rencontre en mai.
En tout, 24 enfants ordinaires de 9-10 ans et 50 enfants extraordinaires entre 3 ans et demi et 17 ans participent à Rêves de Gosse. Une vingtaine d’extraordinaires contribueront à l’exposition, les autres étant trop jeunes ou avec un handicap trop lourd, mais tous participent aux animations et aux visites.

« Nos équipes pédagogiques sont géniales, elles sont vraiment motivées ! C’est valorisant au niveau personnel, de voir qu’il est possible de créer une vraie dynamique collective ! Ça fonctionne mieux à plusieurs, ça montre que le collectif peut marcher. »

Aujourd’hui, environ dix personnes sont impliquées dans l’association, en plus des équipes pédagogiques des deux écoles.

Quatre étapes riches de découvertes

Le premier rendez-vous entre enfants ordinaires et extraordinaires a eu lieu le 16 octobre dernier à la Fraternité Chrétienne, où ils ont pu faire connaissance.

« Les ordinaires ont été un peu inquiets et timides au début, alors que les extraordinaires étaient très détendus. Puis ils ont fait une course de fauteuils roulants, et les ordinaires se sont fait laminés ! (rires) »

Dans les semaines suivantes, les enfants ont pu découvrir les différents corps de métier de l’escadron et visiter l’avion.

Le 23 janvier, les enfants se sont réunis pour la deuxième fois au Musée de Tahiti et des îles, avec une visite de l’exposition « Les ailes de Tahiti », animations et pique-nique du partage. La troisième rencontre aura lieu en mars avec la découverte du projet en binôme.
Le 9 mai, les enfants pourront présenter le résultat de leur travail commun autour de la thématique « Entre ciel et mer, rêvons ! » aux aviateurs. Des animations viendront ponctuer leur après-midi sur la base aérienne de Faa’a. Carole espère aussi pouvoir faire voler les enfants dans le ciel polynésien, à bord d’un Casa de l’Armée de l’Air.

« Nous sommes en attente de validation du programme de vol 2018 : le vol en avion serait la cerise sur le gâteau ! »

L’apprentissage de la bienveillance

Pour Carole, il est primordial d’inculquer aux enfants la bienveillance, au-delà de la tolérance.

« Au quotidien on demande aux enfants d’être bienveillants, d’avoir cette capacité de prendre du recul, mais on ne les place pas dans des situations concrètes qui leur permettent d’être confrontés à ça. »

C’est pour elle l’un des objectifs de Rêves de Gosse et de l’association Les Tamari’i du Ciel : confronter les enfants à la différence pour leur apprendre à la respecter, au-delà du jugement envers l’autre.

« La bienveillance c’est quelque chose qu’on ne cesse jamais d’apprendre, tout au long de sa vie. La tolérance est une étape mais ce que l’on vise c’est la bienveillance sans jugement. »

Pour elle, le projet est aussi un moyen de parler du handicap, une problématique trop peu abordée en Polynésie française.

Carole repartira en France, avec Issam, dans un an et demi. Elle envisage déjà une deuxième édition de Rêves de Gosse l’année prochaine, pour continuer à faire rêver les enfants et à allumer cette petite flamme d’imaginaire en eux. 

« Qu’est-ce qui va se passer une fois que je serai partie ? Mon défi, c’est trouver quelqu’un qui prendra le relais. »

La jeune femme y a pris goût : elle réfléchit aussi à poursuivre son implication dans le projet Rêves de Gosses à son retour en France.

« Ça aura donné un sens à notre passage ici. J’ai vécu une belle aventure collective, je ne demande pas plus. »

Plus d’informations

Sur la page Facebook Les Tamari’i du Ciel
1Fenua : Polynésie française
2FIFO : Festival International du Film Documentaire Océanien, à Tahiti tous les ans.
3Tamari’i : enfants en tahitien
4Casa : avion de l’Armée de l’Air

Camille Lagy
Rédactrice web
© Photos : Les Tamari’i du Ciel

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