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Culture

Taina et le Ori Tahiti

Avec Taina : le ‘Ori Tahiti, une passion à transmettre

Publié le 31 octobre 2017

Femmes de Polynésie est allée à la rencontre d’une jeune femme passionnée, Taina Tinirauarii, directrice de l’école de ori Tahiti, Tauariki, au sein de la vallée de Titioro, à L’As dragon où elle donne des cours hebdomadaires.
Tahiti ne vibre pas au son des to’ere que le temps du Heiva. Hors de la scène recouverte des fleurs éparpillées, tombées des costumes, foulées par les pieds des hommes et des femmes, venus se mesurer à la géante Toata, le ‘ori Tahiti rayonne encore. Cette danse est une passion, un des piliers de la culture polynésienne, qui, donné en spectacle au reste du monde, se vit pour soi… aussi. Chaque année, des hommes et des femmes de toute la Polynésie apprennent, dansent, et répètent. Du conservatoire aux groupes réputés, le ‘ori s’anime, porté par des troupes de danses amateurs, des groupes de la commune, de la paroisse et bien sûr par les écoles de danse de tout Tahiti, des quartiers de Papeete à la presqu’île et des vallées jusque dans les îles. Les professeurs puisent en eux force et énergie et trouvent le temps, en plus de leur famille et bien souvent d’un travail, d’enseigner aux femmes, enfants et hommes de tout âge.

Ses premiers pas dans la danse

Taina a commencé les cours à trois ans avec Makau Foster. À six ans, au conservatoire, elle a suivi les cours de mamie Louise et de Vanina Ehu, des grandes dames de la danse : « tout ce que je connais, ça vient d’elles, mes bases …ça vient d’elles ».

Puis, c’est le déclic : « Je suivais ma sœur, qui dansait pour Moeata et Gabilou, et comme je traînais dans les loges, Moeata avait besoin de temps pour que les filles se changent, alors ils m’ont mis un pareo et m’ont envoyée sur scène et… j’ai dû danser. C’est là que l’envie de danser a commencé. »

C’était le désir de sa mère qu’elle danse, elle qui n’avait pu le faire. C’est pourquoi elle y a encouragé ses filles. Avec le groupe de chant Tuaa Ura, Taina a parcouru le monde. L’événement « l’intercommunale », de la marie de Faa’a, lui a donné l’opportunité de devenir chorégraphe. Elle a dansé pour le Heiva 2009 où son groupe a gagné en catégorie ava tau (amateur).

« Avec mes amis on a formé notre groupe to’a aura pour participer au Hura tapairu1, en catégorie mehura2, toujours un partage extraordinaire… chaque expérience en ori tahiti que ce soit en tant que danseuse ou chorégraphe n’a eu de cesse d’ enrichir mon expérience. »

La danse, un vecteur d’émotions et de valeurs humaines

La danse, « c’est le moment où j’oublie tout. Je ne fais que ça, danser, avec mes élèves qui m’entourent et qui ont tout autant envie de danser que moi. 

J’espère que la danse aura toujours autant d’importance dans ma vie. Ma famille, la danse et mon métier sont les trois piliers qui soutiennent ma vie. »

L’école, son enfant : des liens indéfectibles

« Six mois après avoir eu mon enfant, j’ouvrais l’école de danse. » C’est la troisième année d’existence de l’école. Au commencement il y avait une quarantaine d’élèves.

« Je les ai inscrites cette année au hura tapairu pour leur montrer ce qu’exige le concours, le dépassement de soi et qu’on a toujours besoin d’apprendre en danse, comme moi je n’ai jamais fini d’apprendre. » 

Pourquoi Tauariki ?
En 2015, elle est devenue mère et ça a été une révélation pour Taina qui raconte avec une voix vibrante d’émotion : « cela te donne une impulsion lorsque tu deviens parent, tu deviens responsable et tu as cette force de réaliser ce qui te tient à cœur. Je ne connais toujours pas la nature de la force qui a porté mes projets à terme. »
Tauariki est le nom en pa’umutu de son enfant, Tauarii. C’est grâce à lui que son rêve s’est matérialisé.

« Le lien entre la danse et mon fils est très fort. La danse ayant cette place dans ma vie, c’est difficile de concilier les deux, alors, pour qu’il comprenne que je ne l’ai pas sacrifié à mon école, elle porte son nom qui signifie, mon roi. »

La joie du partage

La jeune femme aime le fait de voir dans les yeux des filles la joie d’apprendre, de connaître et réussir la chorégraphie, lorsqu’elles sont fières d’elles et du travail du groupe, de chacune et de toutes. Quant aux enfants, elle ressent qu’ils aiment ce qu’ils font lorsqu’ils ne voient pas passer l’heure et ne sont jamais fatigués : « C’est la réaction de mes élèves qui compte le plus. »

Les thèmes des spectacles, des tableaux porteurs de messages

Le thème choisi pour le Hura Tapairu de cette année est un appel à la jeunesse dans une composition de Eto : il raconte son histoire et à travers elle, celle de toute une génération. Taina a souhaité parler de la pollution, du respect que l’homme doit à la terre qui l’accueille en son sein.

La danse conduit les femmes à se retrouver

La danse, tout particulièrement le aparima3, révèle la force et la douce fragilité de chaque femme venue danser, elle leur permet de puiser cette énergie féminine qu’elles ont en elles afin de tisser leurs différences sur le canevas de la chorégraphie, chaque danseuse étant nécessaire à l’harmonie d’ensemble. Pour la jeune professeure, le temps de la danse est un moment qui sublime la femme.


Comme Taina, de nombreux passionnés du ‘ori Tahiti,  femmes et hommes, s’investissent chaque semaine, voire chaque jour. Bien plus qu’un loisir, la danse tahitienne est une manière de vivre et de transmettre sa culture ou de l’appréhender.

Plus d’informations

Facebook du groupe de danse : école de danse Tauariki
1 Lors du Hura tapairu, en novembre, depuis dix ans, II s’agit, avec ce concours de donner une scène aux petites formations qui ne souhaitent ou ne peuvent pas se produire sur To’ata dans le cadre du Heiva i Tahiti notamment.
2 Le Mehura est une troupe de 10 à 20 danseurs/danseuses/mixte dansant sur une musique Aparima.
1 Le aparima (ʻaparima en tahitien) est une danse polynésienne liée au Tamure, ou ’ori tahiti. C’est une danse de groupe, comme le ’otea, mais au rythme plus lent, où le ukulele, parfois la guitare, et le chant se joignent fréquemment aux percussions to’ere et pahu. C’est un récit légendaire chanté et dansé, où le mouvement des bras et mains décrivent ce récit gestuel : apa désigne les gestes et rima les mains. Le ʻaparima hīmene désigne le ʻaparima chanté, et le ʻaparima vāvā en est la version uniquement dansée et instrumentale. (Source : Wikipédia)
Yuna Méloche
Rédactrice web
© Photos : Sonny Gill et Matareva (pour le portrait)

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