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Culture

Miriama, pour la diversification des formes de transmission culturelle

Miriama, pour la diversification des formes de transmission culturelle

Publié le 2 juillet 2018

Tantôt architecte, tantôt artiste… Tantôt présidente du FIFO, tantôt directrice du Musée de Tahiti et des îles… Miriama Bono est une femme aux multiples casquettes qui a plaisir à communiquer sa vision des choses, mais aussi celle des autres. Femmes de Polynésie est allée à la rencontre de cette passionnée de culture, ouverte sur le monde et ses beautés, qui a à cœur de les partager.

« L’art et la culture m’ont toujours intéressé »

Née à Tahiti d’un papa italien et d’une maman tahitienne, Miriama grandit au fenua jusqu’à l’obtention de son bac, puis part étudier en France.

« Je suis partie pour ne pas revenir. Mais vers 22-23 ans, j’ai compris à quel point j’étais polynésienne. Le rapport à la nature, à la mer et à l’autre me manquait. Je voulais vraiment apporter des choses à mon pays. (Sourire) »

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Miriama a toujours été intéressée par l’art et la culture. Enfant, elle avait souvent un crayon ou un pinceau dans ses mains. Ses parents, sans être pour autant impliqués dans le monde culturel, l’ont toujours porté. A l’âge de 15 ans, elle leur demande et reçoit en cadeau une encyclopédie de l’art.

« L’art a toujours porté ma vie : la peinture, le dessin sont essentiels pour moi. Ce n’est pas juste un passe-temps, cela fait partie de moi. C’est une façon de voir le monde. »

« En France, j’avais envie d’aller au centre Pompidou plutôt qu’à Eurodisney. Mes études d’architecture m’ont ouvertes à d’autres champs d’expression artistique. »

Première femme polynésienne à être diplômée d’architecture, Miriama revient exercer au fenua.

« J’ai été architecte pendant deux ans mais pratiquer en tant qu’architecte n’était pas ma voie. J’aime que les choses se fassent vite. »


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« S’exposer au regard de l’autre, pour apprendre et avancer »

Durant sa première grossesse, Miriama se remet à peindre :

« C’est ça qui m’a réalisée un besoin d’évacuer. J’allie expression contemporaine abstraite avec motifs polynésiens. J’ai commencé à exposer et depuis, j’encourage à les gens à le faire. C’est essentiel, on se construit avec le regard de l’autre. »

Miriama se plaît, avec d’autres artistes, à organiser des évènements et des expositions collectives dans l’Atelier des Artistes du Méridien, à Punaauia.

« Cela a entraîné une nouvelle dynamique dans ma peinture. On invitait des vidéastes, des danseurs, des photographes. Ce côté pluridisciplinaire a créé une émulation. »

Cette expérience enrichissante lui donne la chance d’intégrer l’équipe du Festival International du Film Océanien (FIFO).

« Le FIFO, c’est une formidable aventure, un évènement d’une envergure océanienne. Organisatrice de l’événement pendant quatre ans, c’est une expérience de vie marquante pour moi, un challenge dans lequel je me suis engouffrée avec passion. »

Véritable institution en Polynésie, ce festival qui remporte chaque année un franc succès, permet de se poser des questions par rapport à sa culture en tant que polynésien du Pacifique francophone et anglophone. La culture océanienne, c’est aussi la culture de l’autre.

Durant quatre ans, elle découvre l’ampleur de ce que sa position implique en matière de gestion humaine.

« C’était extrêmement intense. Un grand honneur d’avoir participé à ces festivals. J’ai maintenant une autre charge au sein de l’organisation en tant que Présidente de l’association qui porte le FIFO. »

Même si, comme beaucoup d’évènements, le FIFO continue à traverser des moments difficiles financièrement, Miriama défend un combat qu’elle juge essentiel : le maintien de la tournée dans les îles.

« Que l’on puisse donner aux enfants de ce pays l’envie de s’ouvrir à d’autres cultures, c’est essentiel. »

Au-delà de l’organisation, la portée pédagogique du FIFO est importante : 7 000 élèves pendant le FIFO, 10 000 après dans les îles.

« La rénovation du musée de Tahiti et des îles, un défi de taille »

Directrice du musée de Tahiti et des îles depuis un an, Miriama mesure toute la responsabilité de ce poste qui l’amène à gérer le patrimoine commun de Polynésie. Son passé d’architecte et sa capacité à organiser des évènements d’envergure et à mettre en œuvre une dynamique d’exposition ont été déterminants dans le choix de sa personne pour occuper cette fonction.

« C’est un défi personnel, mais aussi pour toute l’équipe du musée car le musée doit se rénover, au sens propre, mais aussi pour être plus proche du public. Il y a nécessité de plus communiquer sur des évènements, faire en sorte que ce soit plus grand public, et encore plus pédagogique. »

Pour cela, Miriama et son équipe inventent de nouveaux parcours de médiation, rénovent, travaillent sur une nouvelle scénographie. Un tiers du public étant jeune, de nouveaux outils de communication sont en cours d’élaboration.

« La jeune génération, il faut les intéresser, leur parler avec le numérique, différencier les parcours en fonction des âges. »

Le partage culturel tient à cœur à Miriama. Aussi, un dimanche par mois, elle lance les journées « Un dimanche au musée », avec des ateliers, des visites guidées gratuites qui font la joie des plus petits. Son objectif ? Développer le plus possible des animations autour du patrimoine.

La rénovation de la salle de conférence est d’importance aussi afin de permettre des rencontres autour de l’audiovisuel, domaine cher à Miriama.

« Il faut repenser le musée, repenser la façon dont on partage notre culture. »

« Amener à une expression plus moderne, plus contemporaine : des racines pour construire une société nouvelle »

Au cours d’une grande soirée artistique « TIKI », le Musée de Tahiti et des îles a mélangé les genres. Avec l’aide de Manouche Lehartel et de plusieurs troupes de danseurs, d’artistes contemporains graffeurs, sculpteurs tels que Johnatahan Mencarelli et Teva Victor, le Musée de Tahiti et des îles est devenu un lieu vivant donnant corps à des chorégraphies où les danseurs se déplacent de spot en spot afin de faire découvrir petit à petit aux spectateurs des installations mettant en lumière des œuvres d’art.

Maman de 3 garçons, de 14, 13 et 6 ans, Miriama reconnaît : 

« J’ai une famille formidable et mari formidable. Sans ma famille et sans mon mari, je ne pense pas que j’aurais pu relever de tels défis. Derrière les femmes actives, il y a souvent un homme. »

Dans ses moments libres, Miriama se rend disponible rien que pour eux.

« Le weekend, j’essaye de leur partager mes passions pour la culture. Mes deux aînés ne ratent aucun FIFO. »

En plus de cela, Miriama s’intéresse à tous les projets concernant les livres et la culture.

« J’ai eu la grande joie d’arracher les livres des mains de mes enfants avant dîner. Ce n’était pas gagné, mais c’est à nous parents à ne pas renoncer. C’est un plaisir de pouvoir parler des livres aimés ou pas. C’est du travail, mais il y a une note d’espoir (sourire). »

Pour Miriama, le monde est à réinventer, tous les jours. Le monde ? C’est quelque chose qui se construit, en tenant compte de ses racines, de son expérience personnelle, des apports de l’extérieur.

« Il faut vivre ses rêves. Ce n’est pas parce que l’on intègre l’apport de l’autre que l’on se perd. » 

Plus d’informations

Sur la page Facebook  Musée de Tahiti et des Iles – Te Fare Manaha
Et sur le site du Musée : www.museetahiti.pf

Tehina de la Motte
Rédactrice web

© Photos : Femmes de Polynésie

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