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Carrière

Tahnee, de Moorea au Maroc

Tahnee, de Moorea au Maroc

Publié le 26 juillet 2018

Quand elle a quitté l’île soeur de Tahiti, Tahnee était loin de se douter qu’elle se retrouverait dix ans plus tard au Maroc à la tête d’une start-up. Rencontre avec une jeune femme au parcours jalonné de rencontres qui l’ont fait sortir de sa zone de confort pour vivre une aventure à l’autre bout du monde où il n’est pas toujours évident de trouver sa place en tant que femme.

Née à Tahiti, Tahnee Tchen a passé toute son enfance à Moorea, avant de retourner à Tahiti pour faire ses études secondaires au lycée Paul Gauguin. Son baccalauréat Littéraire en poche, elle s’inscrit à l’Université de la Polynésie française et passe sa Licence de Langues Étrangères Appliquées :

« À ce moment, je ne me voyais pas poursuivre mes études ou bouger de Tahiti. Je me disais : j’ai mon diplôme, autant entrer dans la vie active. »

Mais Tahnee décide finalement de suivre son cœur et de se risquer à l’aventure en déménageant pour la Belgique : 

« Mon copain de l’époque voulait devenir kinésithérapeute et faire ses études à Bruxelles. »

De Tahiti à la Belgique

En Belgique, la jeune Tahitienne s’inscrit en Master de communication des entreprises à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve. Mais « après un an de vie à deux à l’étranger, nous nous sommes séparés avec mon copain. Moi qui à la base ne voulais pas quitter Tahiti, je lui suis tout de même reconnaissante de m’y avoir incité car ce fut une expérience incroyable et enrichissante » confie Tahnee. 

« Par la suite, j’ai eu la chance de rencontrer une autre Tahitienne avec qui j’ai fait une collocation et vécu mille et une aventures. Elle m’a fait découvrir une autre facette de Bruxelles et nous avons fait des rencontres inoubliables. Nous avions un bel appartement au-dessus d’une salle de sport avec un Belge, un Roumain, deux Tahitiennes et un chat. Il y avait une sacré ambiance ! »

© Instagram visitbrussels

Une collocation ambiance « L’auberge espagnole » dans une des villes les plus cosmopolites au monde :

« Bruxelles est une ville pleine de charme et dynamique. Il y a toujours quelque chose à faire : des quartiers et des parcs à découvrir, des soirées électro aux apéros urbains, de nouveaux cafés tendance aux expositions éphémères, des festivals… »

Tant de raisons qui poussent Tahnee à y rester et à ne pas rentrer au Fenua.


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De la Belgique à l’Ethiopie

« Après mon Master, j’ai de suite obtenu un CDI dans une grande chaîne de salles de sport « Health City » en tant que Membership Consultant. Mon travail consistait à recruter des abonnés et surtout à les garder. C’était un travail contraignant de par ses horaires et son système, mais à force de courage et de détermination, j’avais réussi à me démarquer. Et grâce à mon relationnel -que je dois sûrement à mon côté polynésien- j’étais devenue la meilleure de Bruxelles. »

Un nouveau travail et un nouvel amour puisque Tahnee rencontre Soufiane. Après six ans passés en Belgique, tous deux souhaitent en partir :

« Pendant 6 mois, nous avons élaboré le projet de partir en Ethiopie pour lancer notre marque de café. On a rassemblé toutes nos affaires dans la voiture pour déménager direction le Maroc, afin que je rencontre la famille de Soufiane et profiter de petites vacances avant de commencer l’aventure. »

De l’Ethiopie au Maroc

Comme le montre Tahnee avec son parcours, la vie est faite de rencontres et d’événements qui nous font prendre certains chemins insoupçonnés :

« Durant notre séjour au Maroc, il y a eu en Ethiopie une série d’attentats exactement là où nous voulions aller et cela nous a refroidis”. Le Maroc qui ne devait être qu’une étape intermédiaire finit par devenir une étape finale. “Des opportunités se sont présentées à nous et nous avons lancé notre startup en 2013. Avec la carrière de Sofiane de boxeur muay thai, son cursus en marketing, et moi dans le fitness et la communication, nous nous sommes faits notre place sur le marché du sport. »

« Nous avons d’abord travaillé en B2B sur plusieurs villes jusqu’à obtenir l’exclusivité de la vente et de la distribution de la marque franco-brésilienne VENUM. Nous avons pu ensuite ouvrir une boutique, mettre en ligne notre site et nous diversifier en prenant la parallèle de la vente ainsi que de la distribution des compléments alimentaires pour sportifs. »

«Si on m’avait dit il y a dix ans que je serais au Maroc et que je ferais ça, je ne l’aurai jamais cru ! » admet Tahnee.

« On entend toujours que « la vie est pleine de surprise » et quand tu es jeune, ça fait rêver. Avec le recul et en regardant mon parcours, je confirme qu’elle est pleine de surprises, mais avec ses hauts et ses bas. C’est ce qui nous fait grandir. Cela peut faire gnangnan de le dire, mais j’ai toujours suivi mon cœur et voilà où j’en suis aujourd’hui. On évolue plus vite lorsque l’on sort de sa zone de confort. »

Tahnee reconnaît également qu’être à la tête d’une entreprise fait encore plus grandir :

« L’entrepreneuriat m’a permis de toucher un peu à tout : en passant de l’administration, à la négociation, à la vente, l’utilisation de logiciels vidéos, la création de site internet… Si tu veux que ton « bébé » (ton projet) se développe comme tu le souhaites, tu feras des pieds et des mains pour le faire prospérer. »

La vie dans un pays musulman quand on est Polynésienne

Et des pieds et des mains, Tahnee en fait tous les jours aussi bien sur le plan professionnel que personnel :

« J’avoue que ce n’est pas tous les jours facile de vivre au Maroc. C’est un pays musulman libre mais avec une mentalité tellement différente de la mienne qu’il m’arrive de m’arracher les cheveux et de me demander pourquoi je suis là. Ma famille et mes amis me manquent terriblement. Merci à mon roc, Soufiane, qui à sa façon améliore tous les jours notre vie là-bas. »

Car non seulement Tahnee est loin de sa famille, mais elle vit aussi dans un pays qu’elle doit apprendre à connaître chaque jour davantage, et travailler avec la barrière de la langue :

« J’ai quelques bases qui me permettent de me débrouiller au quotidien, mais cela reste une langue difficile à parler. Même au niveau de la promotion de nos produits et de notre marque, il y a des campagnes où cela me freine un peu. »

Et elle doit aussi se faire sa place en tant que femme dans la société marocaine.

Elle nous explique son ressenti :

« Chez nous, les femmes sont plus libres, indépendantes et fortes. Les Polynésiennes s’occupent de leur foyer et de leurs enfants mais il y a quelque chose de différent… Je ne veux pas généraliser, mais de l’expérience que j’ai pu avoir, la jeune fille marocaine quitte l’autorité d’un père pour celle d’un mari et privilégie les tâches ménagères, l’éducation des enfants et enfin, son travail. Ce n’est pas que les Marocaines n’ont pas d’ambition, mais malheureusement, elles restent une minorité. À mon avis, c’est dû aux moeurs et aux traditions. »

Malgré cela, le Maroc a des similitudes avec la Polynésie concède-t-elle :

« Ils sont très famille, communautaires et accueillants. C’est un pays riche de sa culture et de ses paysages. »

Une bonne adresse au Maroc ?

« Le Mehdia Surf Camp. Une auberge de surf tenue par un des pionniers du surf local « Boomy » et sa famille qui me fait sentir à Tahiti à chaque fois que j’y vais. »

Vers un retour au Fenua ?

« Je remercie mes parents de m’avoir toujours soutenue dans mes choix, même si je sais qu’ils n’ont qu’un souhait : mon retour définitif ! »

Un retour que Tahnee envisage pour y fonder sa famille et y entreprendre une seconde activité :

« Peu à peu l’économie polynésienne se remet à flot, l’afflux des touristes reprend et le développement de certains secteurs d’activités sont prometteurs. Je reste optimiste pour notre avenir à Tahiti. La qualité de vie y est un luxe : un mélange de douceur de vivre, de sécurité et d’authenticité. Je veux que mes enfants grandissent dans ce cadre. »


Un cadre à préserver plus que tout :

« Une cause qui me tient particulièrement à cœur aussi bien au Maroc qu’à Tahiti est la protection de nos océans contre la pollution plastique et la surpêche. C’est désolant de voir ce que nous avons pu faire à cette planète en moins d’une centaine d’années rien qu’avec nos habitudes de consommation. Je suis triste de savoir qu’il y a de fortes chances que mes enfants ne connaissent pas l’océan comme je l’ai connu. Gros big up au passage aux jeunes qui ont lancé l’association Moorea Coral Gardeners ! »

Plus d’informations

Sur la page Facebook shop TAD de Tahnee et Soufiane

Noémie Schetrit
Rédactrice web

© Photos : Tahnee Tchen

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